Moi et le méchant virus

Madame Buzyn qui était alors ministre de la santé au mois de janvier de cette année nous annonçait que les chances que le Covid-19 parvienne sur le territoire français étaient presque nulles. Depuis le début février mon unité de soins pour personnes âgées a été amputée de d'un infirmier et de deux aide-soignants pour répondre aux injonctions budgétaires relayées par l'ARS. Maintenant que nous avons une bonne dizaine de tables de jardin pour ranger le matériel d'isolement devant les chambres, on se demande si l'isolement est efficace quand on analyse la masse de travail et les résidents aux troubles cognitifs qui déambulent sans que l'on puisse les surveiller. De toute façon les tests pour savoir si les résidents ont le fameux virus n'auront pas lieux et l'on saurait peut-être post-mortem si ils ont été infectés ou pas. D'ailleurs en quittant le travail ce fût l'homme d'entretien qui me dit qu'un résident décédé à l'hôpital a été testé positif au Covid-19.

Bref nous mettons des personnes en isolement sans les tester et nous voyons jour après jour des symptômes apparaître chez l'une ou l'autre de ces personnes sans que l'on puisse être sûr qu'elles sont infectées. En la matière j'ai l'impression que l'on naviguons à vue.

Il paraîtrait que nous aurions droit à un hôpital de campagne en Alsace, c'est vraiment "sauve qui peut". Après cela on pourra lire aujourd'hui dans le journal le Monde des petites nouvelles amusantes de notre ex-ministre de la santé :

" "Je me demande ce que je vais faire de ma vie. » Agnès Buzyn est enfin rentrée chez elle, lundi 16 mars, en milieu d’après-midi. Elle vient de « fermer la porte du QG » de sa campagne parisienne et a posé son sac, seule, « effondrée », dit-elle. Elle pleure, et ses larmes n’ont rien à voir avec celles « d’émotion » et de « déchirement » essuyées entre deux sourires lors de la passation de pouvoir au ministère de la santé, il y a un mois. Ce sont des larmes lourdes, de fatigue, d’épuisement, mais aussi de remords. Elle se livre sans fard et l’aveu est terrible. « Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. » A mots à peine cachés, l’ex-ministre de la santé reconnaît ce qui la déchire : fallait-il abandonner son poste en pleine tempête, alors qu’elle devinait le drame à venir ?"" ( source )

Tout ce que l'on peut dire est que ce désastre a été mûrement préparé par des décennies de politiques budgétaires restrictives et que les derniers responsables en place sont les plus zélés défenseurs du démantèlement de la protection sociale en France, que je parle de protection sociale je parle évidemment de la possibilité d'être soigné correctement dans ce pays. Quand je lis que notre ministre de la culture a été testé positif au Covid-19 et que maintenant le test est réservé au personnel soignant dans une certaine mesure et que l'on ne peut plus tester ceux qui présentent des symptômes précurseurs je demeure un peu circonspect.

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