Monsieur Macron et l'art de faire de tomber les colonnes et de dégonfler les baudruches sur la place Vendôme.
Paysage ébauché en cinq minutes |
Macron n'a jamais vu l'art français. Effectivement si l'on prend les grands artistes de notre temps qui ont eu l'honneur d'être exposés sur des places prestigieuses et dans des endroits mythiques, on est relativement heureux que l'art ne soit pas un fait national, ou plus précisément que la population d'une nation ne se reconnaisse pas dans certaines œuvres. On pense à l'artiste scatophile Paul Mc Carthy, on a échappé au premier maccarthysme, on a pas su échappé au second. Encore, pouvons-nous pousser un cri cocardier quand on fait le lien entre l'urinoir de Duchamp et le jouet sexuel géant dont Mc Carthy nous a gratifié place Vendôme? De l'art national, en veux-tu? En voilà!
Bien sûr il minore sa provocation par les influences étrangères qui ont inspiré les artistes français ou des artistes étrangers qui ont intégré un mouvement artistique en France pour s'en inspirer et l'enrichir. Rien de neuf, si ce n'est cette phrase incongrue, "l'art français je ne l'ai jamais vu" et la suite de son discours qui semble démontrer qu'il existe un art français mais non visible par Macron. Tout cela sonne bizarrement. Mais voilà, cela m'a fait sourire et pour le coup je tricote sur le thème de l'art national.
Si j'ai un centre d'intérêt dans l'art, c'est la peinture, non pas que je sois un spécialiste, mais c'est le domaine que je connais le moins mal. Je viens de feuilleter un vieux livre sur la peinture à l'huile et le paysage, et l'auteur range Nicolas Poussin et Claude Gellée comme de grand maître français du paysage. Je suis un peu sceptique sur le génie spécifiquement français de ces deux peintres, ils sont français, certes. Mais tous les deux meurent à Rome, la patrie des Arts de l'époque et surtout des clients. Je sens que je vais en faire hurler plus d'un, mais leur art, et là je me rangerai du côté de Macron de me paraît pas si attaché à la France. C'est un peu si on considérait Loutherbourg comme un peintre alsacien sous prétexte qu'il est yné à Strasbourg.
Si il faut voir un art national apparaître malgré lui c'est en Hollande du temps de la réforme, où l'iconoclasme protestantisme ne paye plus es artistes à décorer des lieux de cultes. Les artistes se rabattent sur des sujets tels que les réunions de groupes, le portrait de bourgeois, la nature morte et le paysage. Et si il y a bien quelque chose de national, c'est la terre, c'est le paysage, et si on y rajoute les autochtones, le tableau est complet. Mais pour certains, plus qualifiés que moi les choses sont plus subtiles. Et malgré toute la subtilité de l'étude, on sent que ce moment batave fût singulier et unique pour l'auteur.
Dans un registre plus particulier, j'ai découvert une étude sur la présence des bovins dans la peinture, ainsi d'après cette étude, il y aurait 222 représentation de bovins dans la peinture hollandaise et 0 en Angleterre entre 1600 et 1699, c'est le siècle de Vermeer.
"Dans la première moitié du xixe siècle, les robes sont toujours rouges et blanches, principalement, et les remarques géographiques proposées pour les siècles précédents sont encore valables. Mais on remarque tout de même que les robes noires tachetées de blanc, ainsi que les robes rouges et blanches, sont plus nombreuses, en particulier dans des types bovins du Nord, en Angleterre chez James Ward (dans le Yorkshire, au Nord-Est du pays), chez Thomas Cooper (dans le Cumberland, au Nord-Ouest), chez Thomas Girtin et John Constable (en Essex, au Sud-Est), chez Benjamin Marshall (shorthorn améliorée dans le comté de Leicester – source 12), chez Joseph Turner (en particulier dans le Sud-Ouest), mais aussi dans la Hollande d’Albertus Verhoesen (1836), dans la Haute-Normandie chère à Joseph-Édouard de Gernon, à Nicolas-Louis Cabat, à Constant Troyon, et dans les portraits de Jacques-Raymond Brascassat." (source)
Nous voyons que le particularisme national se niche dans le détail, bien sûr les chiffres et rapports changent suivant les périodes, mais je ne peux m'empêcher de trouver cet exemple assez croustillant.
Dans la séquence historique, je trouve assez heureux que nous ayons échappé au style rococo en matière d'architecture, Je préfère Boucher et Fragonard aux battisses typique de l'époque que je trouve de l'autre côté du Rhin. Par quel mystère nous n'avons pas eu droit au style architectural qui gagna une bonne partie de l'Europe, je ne me suis pas penché sur la question.
Nous parlons d'art et nous oublions d'aller au fond du jugement esthétique, ce n'est pas que que n'aimerai pas le faire, mais je suis un peu pressé par le temps et je me fais plaisir. Je continue donc d'analyser l'art national avec en ligne de mire le côté quantitatif des thèmes abordés, voilà un commencement de science, certes modeste, mais commencement tout de même. Après avoir abordé le côté bovin de l'art, les Français sont des veaux, je vais abordé son côté Guillotin. Combien de Guillotines et de prise de la Bastille sont représentées dans l'art allemand du 18 ème siècle. Je sais l'exemple semble ridicule, mais une nation c'est aussi son histoire, et celle-ci est singulière et elle a son mode d’expression qui lui est rattaché quand elle se raconte. Aussi un peintre académique et officiel de l'ancien régime comme Robert Hubert va donné une autre dimension à sa peinture avec la démolition de la Bastille.Il est surnommé le peintre des ruines, mais ce qu'il peint, c'est un surgissement à ce moment là, de la ruine romantique où le temps a fait son œuvre nous passons à la démolition programmée et symbolique. Notons aussi qu'il existe une peinture de Jean-Baptiste Lallemand sur la prise de la Bastille vers 1790, c'est pour le clin d’œil.
Par la suite tout le monde pense à Jacques-Louis David et à son sacre de Napoléon, l'empereur se couronne lui même devant l'autorité de Rome. Et là aussi nous sentons qu'avec la perte de pouvoir de L’Église, c'est un peu de l'histoire de l'art qui va se modifier. Notons aussi que le prix de Rome va être supprimer par André Malraux en 1968, plus de trois cents ans après sa création. J'insiste un peu sur Rome, car tout le monde le sait, les liens de l'art à la religion ont été très forts, si des arts nationaux existent, ils ont été toujours en lien avec l'Italie en quelques sortes et ce jusqu'au XIX ème siècle.
Mais rrevenons à l'art français, l'épopée napoléonienne terminée, nous voyons vers 1830 une école de peinture paysagère dites l'école de Barbizon. Les peintres de Barbizon laissèrent outre les paysages de France et de Navarre, des paysages d'Italie, Corot est un cas à part mais on le rattache à l'école de Barbizon, à raison d'ailleurs. Paraît-il que c'est après avoir vu les paysage de campagne anglaise de Constable qu'ils se mirent à travailler sur le motif. Pour la petite histoire, Constable se cantonnait au sud de l'Angleterre. Il ne voyageait pas très loin.On remarquera que j'ai choisi pour Constable et Corot des toiles assez similaires, ce qui pourrait donner du grain à ceux qui n'ont jamais vu d'art français. A cel nous pourrions objecter de voir les peintres romantiques tel que Delacroix et sa Liberté guidant le peuple. Pour ma part, en ce qui concerne Delacroix, j'ai un faible pour La mer vue des hauteurs de Dieppe.
Pour faire court les impressionnistes rendront un hommage à Corot, on entre ici en pleine crise de la représentation avec l'apparition de la photographie. La photographie, qui est une invention française, c'est ainsi. Delacroix et Corot utiliseront ce nouveau procédé mais de façon marginale. Corot, Degas et Monet diront qu'il était le plus grand. Ce moment impressionniste où cohabitent un Renoir politiquement conservateur et l'anarchiste Pisarro. Là encore nous ne pouvons que donner raison à Macron quand il parle d'éléments étrangers qui se fondent à dans la nation. Bien sûr, on ne parlera pas de Van Gogh, qui coincé entre Signac et Gaugin sur le plan pictural passe pour le peintre par excellence. Il a voulu devenir peintre, il a travaillé pour en autodidacte, cala se passe en France au milieu des peintres français et des paysages français. Il n'y a pas de quoi en faire un drame.
En tous cas si Macron n'a jamais vu l'art français tout en reconnaissant une culture française, que déduire? Il sait que ça existe mais il n'en a jamais vu? Enfin on nage, on comprend le fond de son discours, mais quand même, il a l'art de se prendre les pieds dans le tapis.
Mais le véritable point aveugle de Macron sur l'art français est la colonne Vendôme . Nous avions eu une petite réplique avec le néo art bourgeois de merde dont la baudruche a été dégonflée, un nouveau maccarthysme adoubé par monsieur Macron et ses amis avait été mis à bas. Pour différencier les cultures et les arts, on ne s'acharne pas regarder les similitudes, à savoir les hommes ont deux mains et deux pieds, mais on regarde les différences . Enfin cela m'aura permis de m'amuser un peu.
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