Tarnac et les néoruraux de Houellebecq



Aux environs du Guirbaden



« Les habitants traditionnels des zones rurales avaient presque entièrement disparu. De nouveaux arrivants, venus des zones urbaines, les avaient remplacés, animés d'un vif appétit d'entreprise et parfois de convictions écologiques modérées, commercialisables. Ils avaient entrepris de repeupler l'hinterland – et cette tentative, après bien d'autres essais infructueux, basée cette fois sur une connaissance précise des lois du marché, et sur leur acceptation lucide, avait pleinement réussi. »

La carte et le territoire MICHEL HOUELLEBECQ



Nous passerons sur les connaissances précises des lois du marché, je reviendrai sur ce sujet plus tard. Il semblerait que si Houellebecq prend la précaution d'indiquer que son œuvre est une fiction : « Il va de soi que je me suis senti libre de modifier les faits, et que les opinions exprimées n'engagent que
les personnages qui les expriment ; en somme, que l'on se situe dans le cadre d'un ouvrage de fiction.» Mais sur ce qui est de l'acceptation lucide des fameuses lois du marché, cela est laissé à libre conception du monde exprimée par l'écrivain. Rien ne nous permet de relier ce jugement à la pensée d'un personnage du roman , donc c'est la pensée du romancier qui s'exprime. L'idée que des lois du marché puissent exister est en soit un peu ridicule près d'un siècle après la crise de 1929. Car la loi du marché implique chez la majorité des classiques et des néoclassiques qu'aucune main téméraire ne vienne troubler l'harmonieuse autorégulation du marché résultant d'une liberté d'échange sans entrave. Car le « marché » veut jouir sans entraves, c'est Walras qui le dit. C'est là le génie de Houellebecq, c'est sa capacité à décrire un monde, on aborde presque la totalité des rapports sociaux de la classe moyenne et de la haute bourgeoisie l'œil de l'écrivain. Et là nous abordons les questions de fond.

Ces lignes sur les néoruraux et sur le marché me laissent rêveur. En parallèle j'apprend que Julien Coupat est encore en activité à Tarnac. En voilà un, qui je suppose, se moque de l'acceptation lucide des lois du marché. Il n'écrira pas un livre de poésie avec Carla Bruni sur la théorie de Ricardo.

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