Au milieu de l'agonie

Scharrabergheim


Le Scharrar . [ Scharrachbergheim ]

Une partie des phénomènes nous est narrée par une armée de travailleurs salariés armés de clavier. C'est donc par le prisme des médias qu'il nous est donné de voir le monde. Nous n'avons dans le meilleur des cas qu'une information de deuxième main. Les acteurs et spectateurs directs du fait sont généralement hors-jeu de l'information. Ils ne semblent qu'être des supports sans importance à la narration journalistique du Monde.

C'est ainsi que le secrétaire de la CGT s'est fendu d'un communiqué de presse pour rétablir la totalité de son propos. La presse avait rapporté que le secrétaire syndical des cheminots prônait une suspension de la grève. Elle se fondait sur une petite phrase de son allocution. Chacun pourra, chacun pourra juger de lui même. La phrase annonçant la suspension du mouvement de grève voisinait avec les déclarations de Christophe Marre. Secrétaire CGT de la région Midi Pyrénée, ce dernier ne comptait pas arrêter la grève sur l'annonce de la table ronde du 21 avril. Cela était de nature à étaler un désaccord profond entre une base et la direction aux yeux du lecteur, c'est exactement l'impression que j'ai eu. Or, il n'est rien s'il faut en croire le communiqué du secrétaire de la fédération des cheminots CGT. Cela ne m'aurait pas étonné, on se souviendra des instantes dirigeantes du syndicats traitant Xavier Mathieu de voyou. Mais Xavier Mathieu fût transformé en héros, le symbole de la victime du virage outrageusement réformiste et collaborationniste des bureaux de Montreuil. Ce virage s'est amorcé à la chute du mur de Berlin pour parvenir à son apogée en pleine crise financière. Il est à noter que la CGT n'a que peu appeler à manifester contre un système qui mène à la plupart de ses adhérents vers les vertes prairies de paupérisation. La tendance du monde bourgeois à se défaire de l'avis et de la santé du salarié est une tendance lourde et connue depuis longtemps, le monsieur secrétaire général de la confédération n'a pas l'excuse d'être placé devant un phénomène nouveau et inattendu. Cette fâcheuse tendance du monde bourgeois à la suppression de l'activité, cette fantastique faculté visant à l'épanouissement complet de l'individu était prévue quelques années après la mort de Napoléon premier.

«Le travail devient d'autant plus totalement mort... L'adresse des individus d'autant plus infiniment limitée, et la conscience des ouvriers en est abaissée au dernier degré d'hébétude, l'interdépendance entre le monde individuel de travail et toute l'infinie masse des besoins échappe à la vue et dégénère en dépendance aveugle, dès lors une lointaine opération freinera brusquement le travail de toute une classe d'hommes qui en tirait sa subsistance, rendra ce travail superflu et inutilisable. L'exploitation progressive de la nature devient plus commode par l'insertion d'éléments intermédiaires, aussi les degrés de cette exploitation progressive sont-ils divisibles à l'infini; et la quantité de commodité aboutit à une incommodité absolue»

On pourra remarquer l'acuité avec laquelle Hegel décelé le devenir de la société industrielle. Les armées de Ludd ne sont plus très loin. Du temps de Ludd ce n'était que des contingents de travailleurs qui étaient jetés à la rue par la machine.

Maintenant, l'appareil productif s'améliorant remets aux rayons de l'obsolescence toute une série de connaissances, autant dire toute une série de travailleurs. Et grâce à la chute du « socialisme réel», le capitalisme se présente comme le seul modèle viable. Il n'a plus de concurrent, en conséquence c'est le monde entier qui rentre en concurrence pour accueillir l'appareil de production. C'est ainsi que la fable révisionniste ou réformiste prend fin. Les capitalistes ont exilé les ateliers d'Europe. C'est ce moment là que choisit la CGT pour abandonner la lutte des classes et s'affirmer sans rire comme un syndicat de proposition. Autant dire que cette politique initiée cinq ans après la chute du mur de Berlin porte ses fruits.

Le résultat du changement de politique de la centrale de Montreuil se fît sentir dans l'acceptation sans mots dire du Traité Constitutionnel Européen de 2005. Ce fût la base qui poussa à la direction du syndicat à se positionner contre le traité. Les dispositions du TCE se retrouvèrent dans le traité de Lisbonne. Parmi elles, des réglementations sur le prêt aux états. Dans la crise du crédit qui perdure depuis deux ans, on peut s'imaginer l'impact de la nouvelle réglementation sur les dette souveraine. Regardez vers la Grèce.

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