Je m'enfonce dans l'erreur.
Je ne me lasserai pas de faire la publicité de certains lecteurs de mon blog, notamment de ceux qui aiment à me contredire. Je reviens donc sur mon précédent billet où je rappelait le lien évident entre nationalisation et protectionnisme. Ce n'était pas là une trouvaille, loin de là. Mais mon contradicteur s'en remit à une fameuse encyclopédie en ligne où il n'était fait nulle mention du mot nationalisation dans l'entrée « protectionnisme » et inversement , d'où le commentaire suivant :
« C'est ce qu'il a fait justement (et moi aussi). Et à Nationalisation on ne fait mention du protectionnisme. Donc en attendant mieux, camembert Platane ! Comme vous êtes vraiment en dessous de tout on va vous apprendre à lire : "Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par un État" UNE donc, parmi d'autres parmi lesquelles on compte entre autres le protectionnisme. »
Aussi, cela vaut la peine de s'appesantir sur les formidables capacité d'analyse de mon contradicteur. Je souligne rapidement que ce lecteur compte me convaincre avec une lapalissade, Mais en ce qui concerne le protectionnisme, même si la reprise de ce thème peut sembler laborieuse, et n'espérant pas épuiser le sujet, je continue à préciser mon propos.
"Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par un État" , de même qu'une nationalisation est un acte politique économique interventionniste mené par un État. Donc la nationalisation constitue un élément d'une politique protectionniste. La nationalisation rentre donc parfaitement dans le cadre d'une politique protectionniste.Au passage, je remarque que l'encyclopédie en ligne glisse un petit chapitre dans son entrée au protectionnisme sur les " Lois limitant les investissements étrangers". Dans le cas des nationalisations, c'est encore mieux ou pire, c'est selon. Quand l'entreprise visée est détenue en majorité par des capitaux étrangers, que le capital investi soit remboursé ou non," les investissements étrangers" sont fortement limités, c'est le moins qu'on puisse dire. Dans le cas des entreprises contrôlées en majorité par des investisseurs non étrangers, la nationalisation constitue de fait une mesure protectionniste dans le sens où elle met l'entreprise momentanément à l'abri des offres publiques d'achat.
Si le lecteur curieux veut se faire une idée d'une politique protectionniste menée par un pays, il peut se pencher sur le cas de l'Argentine.
Pour terminer, l'enjeu de la discussion tenait sur la convergence de vue sur le protectionnisme entre les tenants de la pensée boursicoteuse et certains militants de « gauche de la gauche ». Cette convergence de vue s'établit pour des raisons différentes, c'est ce je constate sur ce blog. Il est évident que d'autres personnes, même de gauche, comprennent parfaitement ce que je veux dire.
En résumé, en remettant les nationalisations dans la perspective d'une politique protectionniste, je soulève une pierre et je vois quelques bêtes affolées cherchant un nouvel abri.
Commentaires
Quant on a la chance de voir le déroulé de la construction de votre pensée logique on se dit que par moment on touche carrément le grandiose (au dessus c'est le soleil) :
« "Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par un État" , de même qu'une nationalisation est un acte politique économique interventionniste mené par un État. Donc la nationalisation constitue un élément d'une politique protectionniste. »
Implacable ! Le parfait pendant de votre parfaite définition de l'autre jour :
« la nationalisation est une mesure de type protectionniste »
Franchement, je serais vous, j'essayerais immédiatement de traduire le tout en langage mathématique. Rien que pour leur fermer la gueule à tous ces cons et lenvoyer à Todd et à Montebourg.
PS : oubliez cette idée saugrenue de corriger les fiches Wikipédia. Postulez plutot directement pour le Nobel d'économie.
Pour revenir au sujet, franchement je serais vous, plutôt que de jouer à l'économiste tout seul comme un grand dans mon coin, je creuserais cette histoire de pierre soulevée et de bêtes affolés. Comme le dirait ma confidente, quand les images de l'enfance remontent à la surface c'est souvent pour nous avertir de quelque chose de plus profond.
Au fait, vous leur faisiez quoi aux bébêtes ensuite avec vos grandes mains ? La pierre, elle devait finir par peser un peu, non ?
« L’option protectionniste oubliée
Pourtant, il y a une solution simple et bon marché pour forcer Arcelor-Mittal à poursuivre l’activité à Florange. En effet, si le gouvernemen décidait de mettre en place des droits de douane sur un certain nombre de produits sidérurgiques, des quotas ou tout autre mesure protectionniste, il serait possible de protéger le site. En effet, les statistiques de la Fédération Française de l’Acier révèlent une détérioration continue de notre solde commercial, passé dans le rouge en valeur en 2011.
Mieux, le rapport 2010 de la Fédération Française de l’Acier indique en effet que notre marché intérieur est approvisionné à hauteur de 5,7 millions de tonnes par les livraisons des usines françaises, et à hauteur de 8,6 millions de tonnes par les importations. Bref, une petite dose de protectionnisme, bien ciblé sur les produits de Florange, permettrait de protéger ces emplois. Dommage que le hérault de la démondialisation ait oublié les leçons d’Emmanuel Todd en un an… »
http://www.gaullistelibre.com/2012/10/florange-loubli-de-la-solution.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+gaullistelibre+%28Blog+gaulliste+libre%29
Vous aurez remarqué comme moi que s'ils parlent bien de mesures sur les produits (taxes, quotas et autres), ils ne parlent pas des nationalisations. Vous êtes tout à fait en droit de me répondre que ça ne veut pas dire qu'ils n'y pensent pas. Ce à quoi je répondrais peut-etre que vous n'avez pas fini de vous enfoncer.
Parmi les différents types de mesures protectionnistes, nous avons entre autres :
1/ Manipulation du taux de change
2/ Lois limitant les investissements étrangers
3/ Droits de douane
4/ Dumping social
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1/ Pour ce qui est de la manipulation du taux de change, comme nous somme dans la zone euro, c'est assez compliqué pour la France d'agir à ce niveau.
2/ Si nous parlons des lois limitant les investissements étrangers, on se demande si il existe une mesure plus efficace qu'une nationalisation pour réduire les investissements étrangers.
3/Les droits de douanes, c'est plus ou moins la solution du Gaulliste Libre pour sauver Florange. On sent qu'il reste dans une sensibilité assez libérale si on le compare à Alain Krivine. Ce dernier s'est prononcé pour une nationalisation du site de Florange, et deux secondes après, il nous rappelle que les ouvriers n'ont pas de patrie.
4/ Le dumping social est aussi classé comme mesure protectionniste dans la mesure où cette opération nécessite une politique économique interventionniste menée par un État. On peut se demander si une telle mesure consiste à protéger les travailleurs. Là c'est un autre débat.
Pour finir, la nationalisation rentre parfaitement dans le cadre d'une politique protectionniste d'après Wikipédia. On peut aussi attribuer au Gaulliste Libre de penser à une mesure de dumping social car il n'exclut " tout autre mesure protectionniste" pour sauver Florange. Il est évident que Gaulliste libre ne pensait pas au dumping social pour sauver Florange… du moins je l'espère. La nationalisation est l'expression d'une forme de politique protectionniste comme le dumping social, si l'on s'en tient à l'encyclopédie en ligne. Vous pouvez prendre aussi la défintion de Wikiberal : " On peut dire que le protectionnisme est un monopolisme nationaliste, mis en œuvre autant par la droite que par la gauche, la droite (dans la tradition colbertiste), le voyant comme une façon de renforcer l'industrie nationale, la gauche de protéger l'emploi contre les pays à bas salaires."
1) Parmi les otions oubliées le gauliste exclu la nationalisation. C'est une évidence . Pourquoi ? Parce qu'il l'a déjà évoqué précédemment comme une option déjà posée (pensée, soulevée, proposée, soumise, etc.).
2) Non, Monsieur, "si l'on s'en tient (comme vous dites) à l'encyclopédie en ligne" la nationalisation ne figure pas parmi les mesures protectionnistes. C'est ainsi que vous le vouliez ou non. A moins de modifier la donne ...
Fantastique ! Tout est dit et en très peu de mots. C'est tout vous ça ! Les raccourcis spécieux, les amalgames fallacieux, les fixations sur des personnalités dont la terre entière n'a cure, un vrai pot-pourri !
http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-12h30-journal-de-12h30-antoine-marette-2012-12-02
Là, où je ne suis pas d'accord avec Krivine, c'est l'idée de conserver l'UE. Il milite pour un smig européen, c'est une idée comme une autre. C'est un peu tiré par les cheveux, cela nécessite une harmonisation de tous les pays sur le plan législatif. Pour l'instant, nous en sommes au nivellement par le bas. J'entends parfaitement que les salariés doivent s'entendre par dessus les frontières. Mais se battre pour un smig européen, c'est un peu légitimer l'UE comme facteur de progrès. Alors que pour moi, l'UE doit être détruite, on ne construit pas sur de la vase.
Sinon, si certains insistent, je peux reparler des nationalisations et de son lien avec le protectionnisme.
Le bonjour de Kevin.
http://www.journaldelenvironnement.net/article/pollution-massive-au-cadmium-en-chine,27334
Pour revenir à Krivine, bin finalement moi, voyez-vous, je ne suis pas du tout contente. Mais alors pas du tout. Frustré gaulliste tendance libéral ou pas, je vois pas pourquoi Krivine (bin oui Krivine pas Kevin !) s'en tirerait mieux que ce vieux schnok de Meyer, qui au départ, faut quand même le rappeler (en plus de venir de la même maison), privilégie d'abord le marché contre la démocratie.
Le lien pour ceux qui suivent pas : http://lesarbresdestrasbourg.blogspot.com/2012_11_01_archive.html
Bientôt les vacances ;-)