Creusons et prenons une bonne pioche
La plaine d’Alsace.
Il apparaît qu'il existe parmi mes lecteurs des personnes veulent mettre à jour l'état de leurs connaissances. Ces mêmes personnes pensent qu'il est temps de m'instruire sur les sujets que j'aborde. Fort bien, c'est un peu le principe de la publication des commentaires. Les commentaires filent dans tous les sens, c'est pour cela que je reprends des commentaires bien choisis sur ce billet. Dans un premier temps, un lecteur me faisait remarquer que “ vous vous seriez aperçu que, contrairement à vous, Todd n'oppose pas le marché au protectionnisme. Il affirme même ceci : « le protectionnisme est une branche de la pensée libérale »“.
Comme il faut préciser sa pensée, je lui ai répondu :
Le protectionnisme est une limitation du marché et non la fin du marché. J'entendais l'Europe Libérale en tant que territoire pris sous le joug du libre-échangisme de type anglais. Le débat se jouait entre une Europe Libérale et les marchés nationaux, j'opposais l'Europe libérale aux marchés nationaux. Vous avez du mal à comprendre, mais c'est pas grave, cela va finir par rentrer. Même monsieur Meyer savait de quoi je parlais : « en finir avec l’Europe libérale, oui, mais pas pour revenir à des marchés nationaux ». Le protectionnisme serait une branche de la pensée libérale : oui dans le sens où il n'implique pas forcément un plan quinquennal de type soviétique, par contre une répartition des produits du travail de type dirigiste n'est pas antinomique avec le protectionnisme . Mais pour en revenir à l'extrait vidéo que vous citez, List n'est pas Ricardo :
« Ce que nous haïssons au plus profond de notre être, c'est cette tyrannie commerciale à la John Bull, qui veut engloutir seule, qui ne permet à aucune nation de s'élever à un niveau supérieur ou de se faire valoir, et qui, de surcroît, prétend encore nous faire avaler les pilules, produit de son égoïsme, comme une réalisation purement scientifique et s'inspirant uniquement de conceptions philanthropiques » . Je vous laisse juge du libéralisme de List, on est très loin du laisser-passer et laisser-faire.
Sur le même thème voilà que certains anonymes me font la leçon sur ce que pense Emmanuel Todd, voilà ce que me disent ces doctes savants :
Anonyme a dit… :
« Comme chacun sait pour Todd la solution se situe dans le cadre européen ou pour le dire autrement dans un « protectionnisme à l'échelle de l'Union européenne ». Vous voudrez donc le laisser en dehors de ça. http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Todd#Biographie Cela étant vous êtes tout à fait autorisé, tout comme Monsieur Phillipot d'ailleurs, à prôner un recentrage dans le cadre national. On est en démocratie. »
Dans le cadre d'un autre commentaire, un anonyme à rajouter :
« A la lumière d'une telle science (la pensée d'un Soral) les positions réelles d'un Todd c'est forcément un point de détail. Autant y aller franco et EXTRAPOLER plein pot. »
Alors, qu'en est-il de la pensée d’ Emmanuel Todd ces derniers mois. C'est ce que nous allons voir à travers des extraits de deux entretiens avec Todd :
« Mais l'euro n'est plus une monnaie ! C'est un concept zombie. On la croit vivante, et elle est morte. Je pensais que le protectionnisme européen pouvait sauver l'euro. A défaut, il vaut mieux pour la France sortir de l'euro, sans écouter les experts qui nous expliquent que la Terre va cesser de tourner. La fin d'une monnaie - inexistante il y a dix ans, faut-il le rappeler ? - causerait la fin de l'Europe, du monde, et même de Dieu. » [ Source ]
Dans cet entretien récent, Emmanuel Todd parle d'une sortie de la France de la zone Euro. Peut-être est-ce jouer sur les mots, mais la sortie de l'Euro, c'est plus ou moins en retourner à une politique qui s'attache à retrouver une certaine indépendance nationale, au moins monétaire.
Voici un extrait où il traite du protectionnisme européen, je crois que je ne peux faire plus éclairant sur sa position en citant cet extrait :
« Vous ne militez donc plus pour un protectionnisme européen ?
E.T. : Nous n'avons plus le temps d'y contraindre les Allemands. Après la fin de l'euro peut-être. Il y a une conséquence de la mondialisation que je n'avais pas vue venir - je ne suis pas le seul. Nous vivions un lieu commun : l'union fait la force, l'Europe sera plus puissante pour se défendre qu'un pays isolé. Mais la politique menée par l'Allemagne en Europe, ou par la Chine en Asie, montre que la globalisation ne jette pas, seulement ou même prioritairement, les émergents contre les développés. La globalisation conduit à l'affrontement entre voisins. Quand les Allemands mènent une politique de compression salariale pour abaisser le coût du travail, l'impact est nul sur l'économie chinoise, mais considérable pour ses partenaires de la zone euro. Quand la Chine manipule le yuan, c'est contre la Thaïlande, l'Indonésie ou le Brésil, ses concurrents en main-d'œuvre à bas coût. Ce que nous constatons, c'est une tendance des émergents à se battre entre eux et des développés à s'exterminer industriellement entre eux, avec comme objectif d'être le dernier à sombrer. Ce mécanisme a fait de la zone euro un piège, avec l'Allemagne, dont l'économie est la plus puissante, en renard dans le poulailler. » [ Source ]
Donc , il apparaît que je n'extrapole nullement sur les positions d'Emmanuel Todd et que les doctes anonymes avaient tort. On se demande pourquoi ils en viennent à de telles extrémités .
Commentaires
Vous le citez, dans ses nouveaux habits, désabusé par la capacité des élites politiques à construire vraiment l'Europe. Fort bien. Mais évidemment vous ne le citez que partiellement ; d'où l'extrapolation ...
Je ne sais pas ce que signifie "à défaut" dans le verbiage soralositu, mais en français cela signifie en l'absence de ou faute de.
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/a-defaut-de/
En français l'expression à défaut est obligatoirement précédée d'autre chose. Or ce que dit Todd, juste avant l'extrait que vous mettez en avant, c'est justement qu'il voulait sauver l'Euro grâce au protectionnisme. Chose qu'il vous fallait impérativement faire sauter, sans quoi votre démonstration risquait de faire Pschitt (pour parler comme un vieux copain de Todd).
Vous remarquerez aussi (c'est d'ailleurs dans le titre de l'entretien de ce printemps) que Todd comptait beaucoup sur notre nouveau président pour sauver la baraque. Qu'en pense-t-il aujourd'hui ? Apparemment nous n'en savons rien ..
Par contre, en lisant attentivement l'entretien, nous savons ce que Todd pense du marché et du capitalisme. Et, malheureusement pour vous, nous sommes obligés de constater que ça n'a toujours rien à voir avec ce que vous prétendez porter.
Comme vous pouvez le constater, c'est beaucoup plus simple à mettre en oeuvre que les idées de Todd. Puisque ça ne repose ni sur les capacités du président Hollande à devenir un nouveau Roosevelt, ni sur l'hypothèse tout aussi social-démocrate d'un après-Merkel radieux .
Pour finir, trois petites choses:
- C'est votre Monsieur-pas-toujours-à-coté-de-la-plaque qui voulait se maquer avec Todd. Je n'y suis évidemment pour rien.
- C'est vous qui jouez avec les cendres de l'IS en les mélangeant au vomi soralien. C'est un jeu solitaire comme un autre, mais c'est justement ce qui le rend si difficilement partageable.
- Je serrais vous, j'éviterais surtout de confondre Fourest avec la grande majorité des Français. Sans quoi vos lecteurs vont vraiment finir par vous croire obsédé.
http://www.europe1.fr/France/Mariage-gay-65-favorables-sondage-1302525/
Sauf que dans vos précédents billets rien ne venait étayer vos dires concernant l'étrange tournant opéré par Todd. En clair aucune source ne venait infirmer les éléments indiquant qu'il était un partisan de l'Union Européenne et de l'Euro (ce qui n'est pas la même chose). Ce n'était donc de votre part que supputations sans fondements. On pouvait donc très légitimement vous reprocher d'extrapoler.
PS : Je ne voudrais pas vous quitter sans vous offrir ce petit cadeau. Espérons qu'il vous permettra d'oublier Miss Fourest.
http://pink.reveries.info/post/2012/11/13/Mariage-pour-tou·te·s-%3A%C2%A0la-France-en-avance
Il suffit de suivre un minimum l'actualité, les positions de Todd ne sont pas secrètes. Je suis titulaire d'un CAP et j'arrive à suivre les positions de Todd. C'est vous dire la simplicité de la chose. Donc, si vous prétendez en remontrer à d'autres, renseignez vous d'abord.
Ceci étant réglé, je note la proposition que vous faîtes pour sortir du bourbier dans lequel nous sommes :
" Une idée ? Mais je vais vous dire Monsieur. Tout bonnement celle de la CGT et de quelques autres : développer les luttes pour inverser le rapport de force. Ca vous va ? C'est assez concis ? "
Je suis assez d'accord avec vous, mais nous en venons à une situation plus ou moins évoquée dans un autre billet : http://lesarbresdestrasbourg.blogspot.fr/2012/11/meuglons-sur-dautres-rues.html
Là encore, je suis prêt à tout entendre. " inverser le rapport de force ", cela me fait penser à mon ancien délégué syndical. Dans tous ses discours, on pouvait entendre " inverser le rapport de force ". Mais si le rapport de force consiste uniquement à traîner ses savates sur la zone piétonne des grandes villes… il y a de quoi développer un certain scepticisme.
http://www.nicerendezvous.com/car/2012111310668/nice-reunion-publique-introduction-a-la-pensee-emmanuel-todd.html
PS : pensez à emporter votre marinière made in France
www.liberation.fr/societe/2012/11/25/notre-dame-des-landes-deux-ans-de-contestation-en-images_862877
Les photos 2 et 5 vous sont spécialement dédicacées. Pour les autres je vous rassure, vous n'avez rien loupé. On n' y voit ni Todd, ni Soral.