Une petite description du marché à gros traits de couteau de boucher.
Dambach la ville .
Le Figaro titre « L'Italie est la nouvelle cible des marchés ». Ainsi on imagine cette fameuse armée de l'ombre composés de marchés, marchés embusqués dans des montages financiers inextricables, tirant à boulet rouge sur des pays. Un jour, il faudra bien mettre un nom sur ce que l'on nomme pudiquement marché.
A défaut de nom, on peut au moins essayer de définir ce que sont ces mystérieux marchés. Pour cela, tout le monde à en tête la place du marché où l'on vient faire ces courses. Ce marché ne veut rien en soi, il ne prend personne pour cible, ce sont les marchands et les clients qui incarnent le marché de la place du village, juste en face du tailleur juif. C'est comme cela dans mon village. je passerais rapidement sur le procès du travail salarié, c'est à dire une partie importante de la maîtrise de l'activité humaine. Ce rapide passage, n'est là que pour rappeler une constante de taille dans ce qui va suivre.
Dans le marché de la place de mon village, il y a donc des vendeurs, des acheteurs et des produits. Ces derniers sont des légumes, de la viande ou du miel… Cela ne fait du marché un acteur avec une volonté propre.
Ce que l'on nomme improprement « les marchés » ne sont en fait que des marchands. Ce sont l'ensemble des marchands les plus puissants que l'on nomme « marchés ». Comme ceux-ci sont censés être en concurrence, par pudeur, on les appelle les marchés, car ils ont créer un ensemble de place d'échange où convergent leurs intérêts.
Et quels sont leurs intérêts? C'est de transformer le monde conformément à leurs intérêts, qui est de garder la main mise sur l'activité humaine. C'est à ce titre que sous la pression des marchands, il faut démanteler les structures communes afin qu'elles puissent être l'objet de commerce. Ces biens communs font généralement partis d'un lot que l'on appelle démocratie. La plupart des hommes d'un pays en sont les usagers, ils mettent ensemble pour qu'un service soit à la portée de tous pour le bénéfice de tous. Si le marchand peut mettre un service à la disposition de tous, il n'est pas certain que le bénéfice soit socialisé.
On a même vu au contraire, lors de la crise financière, que ce sont les pertes des marchands qui sont socialisées, et non leurs bénéfices. Et là, les « marchés » ne prennent pour cible plus grand monde. Du moins l'arrogance des marchands se fait un peu plus discrète. A ce moment là, ils glissent à l'oreille de la représentation politique que le monde pourra aussi aisément se passer de faisant fonction de représentant du peuple qu'il se passera de marchands voraces. Et qu'en tout état de causes, c'est qui lui tient encore les règles du jeu et qui distribue les cartes. Et qu'à partir de ce moment là, soit on continue dans les chemins balisés, soit c'est l'aventure. Et quelle l'option choisie par les faisant fonction de la représentation politique? C'est très simple, on remet du liquide dans le distributeur de liquidité pour continuer à évoluer dans des paysages connus.
Maintenant que l'on a identifié « le marché » comme volonté des marchands quand il s'agit de prêter des qualités humaines au « marché », on peut encore essayer de dégager le sens du mot marché. Le marché est un lieu d'échange ou les règles sont fixées par des lois. Et tout ce que loi n'interdit pas est bien sûr autorisé. Ainsi les agences de notation, ne sont pas des juges objectifs d'une réalité économique, ils n'ont pas un point de vue divin sur l'activité de tout à chacun, ce sont des acteurs à part entière de l'extension du monde de la marchandise. Ces agences de notations représentent l'avant garde du monde marchand, elles visent à juger n'importe quelle activité humaine à partir du point vue de la marchandise en usant de tout l'espace que peut lui laisser le cadre juridique et la patience des peuples.
C'est un peu le sens des paroles du commissaire européen au Marché intérieur : « Qui peut justifier et accepter que des entreprises privées aient un tel pouvoir vis-à-vis des peuples engagés dans des efforts sans précédents en dehors d’un contrôle et d’une supervision publique ?» C'est une bonne question, et il est peut-être temps de se la poser. Mais en bon paranoïaque, je pense que les buts des marchands sont mieux portés par les faisant fonction de la représentation politique plutôt que par des institutions mercantiles qui ont donné largement l'exemple de leur cupidité et de leur incompétence en matière de bien commun.
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