Avant le but



Pont du Heyritz . [ Strasbourg ]

L'article de Jean Louis Roche sur la nouvelle politique étatique en matière syndicale m'incite à me pencher une fois de plus sur ma morne existence de syndiqué.

Il est clair que l'action syndicale se déroule dans le monde bourgeois. Si la bourgeoisie domine, toute existence légale se doit d'évoluer sous le joug de la pensée bourgeoise. le simple fait d'acheter de la marchandise est un acte de soumission, si l'on veut aller au bout de la logique. Ce qui ne veut pas dire que cet acte de collaboration est joyeusement consenti.

Ainsi, l'adhésion à un syndicat constitue en théorie autre chose que l'envie de consommer. Il arrive comme le fait remarquer Jean Louis Roche que le syndicat fasse parti du panel d'outils permettant une ascension sociale, il suffit de regarder du côté de Thibault et de Chéréque. Mais il est avant tout un acte politique au sens premier du terme.

Ainsi nous n'échappons pas vous et moi au mode d'échange dominant, et si nous ne voulons plus de ce mode d'échange dominant, il me semble légitime de s'inscrire dans une action qui porte pour une partie au cœur des rapports humains. C'est à dire au sein du monde dit du « travail », autrement dit au plus proche des rapports de l'esclavagisme salarié. Vous allez me dire, que chaque salarié est au cœur de cette abomination.

La plupart des syndiqués que j'ai rencontré avaient des vues fort différentes sur le monde. Mais ils étaient comme moi, ballottés dans un mouvement global qui les dépassait. Ils entraient dans des structures sclérosées ou régnait et règne encore la course aux bons postes.

Les syndicats sont des structures conservatrices par essence quand ils sont reconnus par le pouvoir en place. Tout ce que peut espérer un syndiqué, mis à part sa survie garantie d'esclave salarié, c'est un reversement des valeurs. Ce renversement de valeurs ne s'effectuera que contre sa hiérarchie syndicale. Pour illustrer mon propos, je vais partir d'un exemple assez simple. Prenons le cas de Chéréque et de la CFDT dont les journaux font cas ces derniers jours. Pour cela je vais me référer à un article du Nouvel Economiste.

« Ainsi se déclare-t-il volontiers favorable à l’économie de marché, allant même jusqu’à reprocher aux socialistes de rester, de ce point de vue, dans « l’ambiguité et l’illusion. »

Son problème (Chéréque) reste ce qu’il a toujours été, pour tous les leaders de la CFDT : il lui faut défendre des compromis, mais être assez fort pour les imposer. Tracer des voies réformistes sans se faire taxer de traitre par ses propres troupes.

En tout cas, on le murmurait à l’Elysée, la fin du congrès de la CFDT était attendue comme devant mettre un terme à toute surenchère avec les autres syndicats. Sa conclusion devait permettre au gouvernement de remonter au front. On verra rapidement si ce « syndicaliste réformateur », sympathique et sans langue de bois a des solutions dans sa besace.»

Le problème est là, l'économie de marché n'est que la condition de l'esclavagisme salarié. C'est d'autant plus évident aujourd'hui que nous payons pour la crise financière. Lénine prophétisait à propos des pays capitalistes "Les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre". Dans notre cas, ce sont certains syndicats qui en train de nous vendre la corde pour nous pendre.

Aussi, si on peut imaginer un syndicalisme pertinent, il faudra faire en sorte qu'il ne puisse chercher ses armes dans l'armurerie de l'ennemi. Il ne devrait pas utiliser les modes de pensée dominants, il faut qu'il fasse fi de toute la propagande économiste. Son but résidera dans sa fin, il faut qu'il essaye de réunir les conditions de sa disparition. Alors qu'actuellement il ne fait que pérenniser le modèle bourgeois en organisant des défilés où l'on traîne mollement sa savate. Les défilés de hooligans ont plus d'allure.

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