Retour sur investissement
L' île des Pêcheurs . [ Strasbourg ]
Mon ancien directeur a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour blessures involontaires sur deux personnes. Dans ces deux cas, il avait été prouvé que notre directeur de l'époque n'avait pas fait son travail. Ce travail implique de veillez à la sécurité des salariés de son entreprise. Il fallait vraiment que les preuves soient patentes, les deux victimes ont eu l'accident du travail au même endroit de la machine, ce qui occasionna une mains ouverte et section de nerf pour l'un et pour l'autre un bras broyé. Le dossier ne mentionnait la hausse brutale des accidents de travail dans l'entreprise, plusieurs ouvriers y sont allés de leur petit bout de viande.
On peut se dire qu'un directeur comme celui-ci ne doit plus valoir grand'chose sur le marché du travail. Mais étonnamment, ce même directeur fut engagé par la même multinationale dans une autre usine. C'est à dire que plus de trois mois après le dernier accident de travail et la fermeture du site sui comprenait plus de cent cinquante employés, notre joyeux directeur avait déjà trouvé une place par l'intermédiaire de la multinationale qui allait être condamné à versé quarante milles euros de dommages et intérêts aux victimes.
Un tel procès peut durer trois ans au tribunal de grande instance. Le directeur a le temps de changer de poste. Quand je parle de poste, il change d'employeur mais reste directeur, il ne faut quand même pas exagérer. Le hasard voulut qu'il fut nommé dans une entreprise dont je connaît le délégué syndical. Nous avions effectué un stage de délégué du personnel à Mulhouse.
Regardant mon doigt avec mon bout de chair en moins, je me décide à avertir mon collègue qui travaille sous la férule du fameux directeur. Personnellement, mon cas n'est pas passé en justice, je ne l'ai pas voulu. J'ai tout de même jeté un oeil sur la déclaration d'accident du travail remplie par mon chef d'atelier, il y était mentionné un tout autre endroit pour l'accident. En fouillant un peu, j'ai découvert que le même endroit où j'avais perdu un bout de chair était cité dans un accident de travail antérieur. Mais comme officiellement je m'étais blessé d'une tout autre manière, il n'y avait plus rien à voir. Les chefs d'atelier et les directeurs sont rusés.
Mais revenons à mon de fil au délégué syndical. Cela devait faire deux ans que je n'avais plus de contact avec lui, mais je tenais à ce qu'il soit tenu au courant de la condamnation de son directeur. Durant ce entretien j'apprends qu'il venait de perdre deux phalanges dans une machine. Cela faisait plus de dix ans qu'il pratiquait le même métier. Les questions sont les suivantes : est-ce que les accidents du travail sont le fruit du hasard? Peut-il exister des directeurs d'usines plus dangereux que d'autres? Hum ?
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