Ongulés




Quai au Sable . [ Strasbourg ]



La crise est enfin un film dont vous êtes le héros. Vous n'avez rien fait. Vous avez dit oui à tout. Au final, vous voilà licencié et vidé de votre appartement avec deux enfants. Vous êtes licencié car votre entreprise a contracté un crédit d'un milliard de dollars et les banques attendent rapidement un retour sur investissement. Vous êtes vidés de votre appartement le propriétaire a fait appel à entrepreneur sur la foi d'un devis le moins disant, il lui donne des fonds sans garantie et l'entrepreneur prend le large sans effectuer aucun des travaux demandés. Le propriétaire a petit découvert qui semble insupportable à la banque, celle-ci lui demande de vendre quelques appartements et vous vide des lieux.

Pour en arriver à cette situation il a fallu un concours de milliers de petits faits d'ordre social, il a fallu une élaboration longue et minutieuse pour que la catastrophe arrive. Mais ne nous méprenons pas, ce n'est pas la catastrophe pour tout le monde. Le mari de Carla Bruni a réussi à mobiliser des centaines de milliard d'euros pour les banques, tandis qu'il a annoncé une enveloppe de vingt millions d'euros pour le logement. On voit très bien où l'on place les priorités. Mais si le Français est d'accord…

Justement, est-ce que le Français est d'accord? Voilà la vaste question traverse quelques esprits à la lumières des émeutes grecques. Pour Daniel Cohn Bendit, le pouvoir en France ne traverse une crise de légitimité comme en Grèce. Mais qui peut croire en France qu'un gouvernement qui a tout misé sur une reprise lors de son accession au pouvoir et qui se trouve fort dépourvu lorsque la bise fut venu peut garder une crédibilité. Car la victoire au suffrage universel ne suffit pas à rendre un pouvoir légitime, la nation ne signe pas signé un chèque en blanc à celui qui a bafoué le résultat du référendum français de 2005.

« La plus grande insulte pour le peuple irlandais est de ne pas accepter le résultat du référendum irlandais. En Irlande, j'ai rencontré quelqu'un qui représente une majorité dans son pays (...) Je ne spécule pas, moi, sur ce que pensent les Irlandais. Ma position se fonde sur la seule donnée mesurable qu'est le résultat du référendum » a dit le Président tchèque Klaus. En France on a donné la présidence à un spéculateur et à un admirateur des crédits hypothécaires.

Je n'ai vu que deux fois Daniel Cohn Bendit dans mon existence. La première fois il sortait d'un marchand de journaux. La seconde il était fort gai et observer une bonne bouteille avec l'oeil du connaisseur. Il était en compagnie de Kouchner et Mammère, cela devait être en 1996. La sortie du restaurant fut terrible, il prit Kouchner par les deux mains et lui chantonna une vieille chanson de Françoise Hardy : « et les yeux dans les yeux et la main dans la main ». Kouchner ne semblait pas goûter de genre de familiarité et son visage resta impavide.

Voilà donc de quoi l'Europe est faite, voilà pourquoi l'icône de mai 1968 nous déclare que le pouvoir reste légitime en France. C'est bien là l'avis d'un élu européen et tout le monde sait ce que c'est l'Europe : « un système à deux niveaux combinant autorité supérieure sans contrôle et suffrage local existe déjà : l’Europe » ( Emmanuel Todd ). Quelle est la belle la légitimité démocratique aperçu par le leader estudiantin de 1968. Qu'elle crève cette pseudo démocratie. De toute façon avec le mari de Carla Bruni qui nous savonne la pente qui mène vers le néant, le visage de notre sois-disante démocratie ne tardera pas à faire tomber son masque.

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