Vous pouvez passer cet article, je me répéte

Pot à crayon

Jean-Claude Michéa a répondu à un entretien par les journalistes de Libération, il est bien brave. Durant cet échange, il se demande si les journalistes ont bien lu son livre, mais peut-on  demander pareille chose à des journalistes de Libération. Pour contrebalancer l'effet catastrophique de l'entretien, ces mêmes journalistes ont écrit un article dans lequel il présente Michéa comme quelqu'un de déconnecté, il tiendrait de l'anachronisme confus. Pour cela quelques lignes d'intellectuels issus du tir de barrage après son livre " Le Complexe d'Orphée " ont aidé le duo de journalistes dans leur travail. Mais à la lecture de l'article de Lordon sur Michéa, il me semble qu'il est reproché à Michéa une vision du monde un peu trop idyllique quand il question de décence commune dans le peuple d'en bas, la vertu ne fait pas politique dira Lordon. Certes, mais elle est première dans le cadre d'une croyance au progressisme, enfin il me semble. La vertu seule ne pose pas une nouvelle société, il faut les institutions qui vont avec, c'est plus que probable.  On fait aussi le reproche à Michéa d'avoir bloqué le compteur de la machine à remonter le temps en 1960, et à partir de là d'égrainer les multiples grandes ou petites catastrophes imputables au libéralisme et à la dissolution des meurs qu'il induirait.

Mais le pire dans tout cela, son crime aura d'avoir rompu avec les appareils de gauche, c'est à dire des partis et de ses relais culturels et intellectuels. Et cerise sur le gâteau, on lui reproche de donner des entretiens là où bon lui semble, c'est à dire en dehors du champs clos où un intellectuel de gauche doit donné un entretien pour être véritablement de gauche. Il a cassé les lignes rien qu'en donnant des entretiens si j'ai bien compris. Après bien sûr les critiques de fond sont légitimes, mais là encore d'après ce que j'ai pu lire, elles sont légères. Enfin ce n'est pas Michéa qui va appeler à voter Hamon pour préserver une fenêtre ouverte sur l'avenir à l'instar de Corcuff. Je me rend compte que j'ai pas même effleuré le thème que je voulait traiter. La nuit porte conseil.