La responsabilité du capitalisme dégénéré

 
dessin aquarelle

 Place du Marché au Fou, Strasbourg











"C’est donc sur les ruines de l’ultralibéralisme que se construit la radicalisation ?

Bernard Stiegler : Oui. On ramène le radicalisme à une question de religion, et c’est scandaleux. La plupart des recrues de l’islam radical n’ont pas de culture religieuse. Ce n’est pas de religion dont il s’agit, mais de désespoir. Richard Durn, l’assassin de huit membres du conseil municipal de Nanterre en mars 2002, anticipe son acte en parlant de son sentiment de ne pas exister : il a voulu devenir quelqu’un par ce geste."

Il peut exister une nuance, en ce qui concerne les tueries du 11 janvier et du 13 novembre de cette année, on peut quand même relier les actes des meurtriers à une culture religieuse aussi sommaire soit elle. Même si ce ne sont pas des théologiens d'élite, on peut estimer qu'ils avaient une petite culture religieuse, si quelqu'un se prend à analyser les milieux familiaux des protagonistes des attentats, on sera quand même forcé de constater que la question religieuse n'est pas loin. La question religieuse reste quand même en arrière plan, même la France n'est pas totalement sortie de la religion. Pour s'en convaincre, il suffit de s'en référer aux manifestations contre le mariage pour tous. Même les personnes qui se déclarent les plus athées ont une culture religieuse, culture dont elles s'essayent peut-être de se défaire certes, mais un reliquat culturel subsiste. Ainsi nous sommes pris dans tout un système où nous sommes agités par des rites ancestraux sans que nous en aillons conscience, c'est un peu cela la culture, nous n'avons pas toujours conscience du pourquoi de nos conduites de tous les jours.

Maintenant, comparer Richard Durn aux tueurs du 13 novembre me semble être un écueil. Richard Durn est resté dans sa ville, il souffre d'un manque de reconnaissance, les gentils élus de gauche se font tirer dessus par manque de reconnaissance, une fois le glock dans la main, on le reconnaît mais il est trop tard. Pour qu'il y ait crise de la reconnaissance, il faut que des valeurs soient en jeu, et cet ensemble de valeurs met en jeu un processus de reconnaissance.On met sa vie en jeu au nom de certains principes et ces principes sont portés par des ensemble de croyances, Mourir pour une cause est une sorte de pari sur l'avenir, même si l'on ne croit pas en la vie éternelle.

Les tueurs du 13 novembre sont reconnus à travers un combat commun qui se mène sur terrain spécifique qui est celui d'un état en devenir. Les acteurs de la tuerie sont déjà passés à l'acte par leur engagement sur le terrain, cette opération est une opération de plus pour la cause, même si elle sera leur ultime opération. Richard Durn, quant à lui se limitera à une seule opération.

La petite différence entre l'acte de Richard Durn et celui des auteurs de la tuerie du 13 novembre tient dans le fait que dans un premier cas, ce sont des responsables politiques identifiés qui sont visés, et dans le second nous c'est la société du loisir qui est visée. C'est le symbole de la vie frivole et impie. En regardant les portraits et les vies des victimes de ces attentats, il m'est apparut que nos étions en face d'êtres ouverts et tolérants, des gens de gauche, voir certains aimant parler de révolution et de Bakounine et d'autres s'engageant contre la misère dans les pays pauvres. On a du mal à identifier un militant néo nazi et identitaire parmi les victimes. C'est horrible à dire, mais c'est toujours les gentils qui prennent dans un premier temps, comme dans les Scoubidous, où le méchant apparaît pour gâcher la fête des gentils, et c'est une opération sous faux drapeau, mais ça c'est du dessin animé. Je viens de voir la vidéo de Soral, ceci expliquant cela. Non Soral ne nous explique pas que nous sommes devant une opération sous faux drapeau, mais rejoignant en cela Stiegler, il nous parle de la responsabilité du capitalisme dégénéré. Comme quoi, les fins de billets se suivent et ne se ressemblent pas.

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