On ne peut pas gagner à tous les coups.







Vers Stutzheim















Pour entrer dans le vif du sujet, je me suis déjà pris des coups de poing dans la tronche de la part de personnes de type skinhead, et pour faire court, c'était pas des Redskins. Et voilà, je ne suis pas tombé, j'en ai pris, j'en ai rendu certains, je suis encore vivant. Malheureusement penseront certains. Ces bagarres n'avaient rien de politique, j'avais simplement la mauvaise attitude au mauvais moment, c'est tout.

Je ne sais si cela me rapproche du type d'antifasciste qui le tient haut de la couverture médiatique ces derniers temps. Ce n'est guère de leur faute, ça leur est tombé sur le coin de la figure. Après la mort de Clément Méric, la plus grande partie des médias et du monde politique se sont émus de la mort d'un résistant contre la barbarie fasciste. Contrairement à moi, ce jeune homme chassait la geste réactionnaire et fasciste en guise de loisir. Ce visage poupin pouvait se revêtir d'un foulard lors d'une petite contre manifestation envers ceux qui défilaient en pensant défendre la famille et le petit Jésus. Clément, c'était un militant qui croyait dans l'action musclée. Quelque temps après, le voilà à nouveau, se rendant avec ses amis à une vente privée de vêtement prisés par les skinheads. Rappelons qu'une des principales caractéristiques des skinheads, mis à part leur apparence, c'est leur comportement, ils sont connus pour faire usage de la violence. Je suis bien placé pour le savoir. A cette vente, ils reconnaissent des jeunes hommes qui semblent avoir des idées d'extrême droite, ils les "invectivent ". Voilà une riche idée. Ensuite, ils les attendent, histoire de faire baisser la pression. Et, on ne sait sous quelle impulsion, une bagarre éclate, Clément est derrière Esteban, ce dernier se retourne et lui assène deux coups de poing qui vont lui donner la mort. Voilà, c'était un échange entre un jeune issu de l'immigration fleurtant avec l'extrême droite et un étudiant  en science po très classe moyenne. Clément sortait d'une leucémie. Cette mort ne méritait pas toute cette publicité. Mais voilà c'était l'extrême droite qu'on attendait au coin de la rue , qui flairant le danger dans son dos, a frappé.


Ce qui fatigue la France, c'est peut-être les partis politiques jouant avec le feu de la bête immonde encore féconde, et à ce jeu les antifascistes postmodernes ne sont pas en reste. Ils continueront leur combat anti-autoritaire jusqu'à ce que les fascistes ne puissent plus sortir de chez eux, en voilà un beau programme, sans rire. Certains accusent les politiciens de poursuivre des programmes rétrogrades plutôt que de mener des actions pour lutter contre la misère sociale. Je ne vois pas en quoi Clément Méric et sa bande luttaient contre la misère sociale en jouant   la troupe auxiliaire du gouvernement pendant les manifestations contre la loi Taubira.


Rajout le 6 juillet 2013 en réaction du premier commentaire de ce billet :

Acrimerd s'est encore fendu d'une analyse de fait divers, la dernière en date que j'ai pu lire  d'Acrimerd concernait une altercation entre Zemmour et Attali, mais passons. Rien ne leur échappe, et dès le début de l'affaire Méric, les spécialistes des médias flairent la faute, ils citent l'Express comme un cas d'école : "« Les skinheads auraient alors été sortis par la sécurité. Mais loin de rebrousser chemin, ils seraient restés devant le magasin en attendant "des renforts". À sa sortie, Clément est à nouveau pris à parti. L’un des skinheads le frappe avec un poing américain. En chutant, il heurte violemment un plot métallique. » Cette version ressemble un peu à ce que le collectif Paris Antifasciste a pu déclarer aux caméras et aux autres micros tendus (1). Nous avons aussi une version papier du même type : "Clément était loin d'être un guerrier, il pesait seulement 60 kilos. Ce qui est arrivé n'est pas un accident anodin, c'est une embuscade, un meurtre politique : les skins les ont reconnus [lui et ses amis, NDLR], attendus à la sortie du magasin et les ont agressés en pleine rue."(2)


Nous avons donc dans un premier temps, le portrait d'un jeune homme qui est loin d'être un guerrier, mais qui est de tous les combats au risque de passer par la case hôpital, c'est ce qui est dit de lui dans un hommage  (3) . Le journal Libération va un peu plus loin dans le portrait de celui qui était loin d'être un guerrier : "Lors de sa leucémie, bénéficiant d’une sortie d’hôpital, il croise dans la rue, par hasard, un skinhead d’extrême droite. Une baston s’ensuit. Retour illico à l’hosto pour se faire poser des points de suture." (4) . Nous le voyons aussi à l'œuvre pendant les défilés anti mariage pour tous, image assez connue pour que je ne me donne la peine de joindre un lien, enfin ce jeune homme ne cherchait en rien les ennuis, c'est la faute à pas de chance en sorte. On peut penser le récit de l'Express se soit basé sur le communiqué Paris Antifasciste relevé des quelques témoignages vus à la télé.

Il se trouve que la scène du crime a été filmée, de là de multiples interprétations. Acrimerd va se concentrer sur le fait que l'on ne peut pas savoir si Clément Méric a frappé le premier ou non. Nombre de journaux ont accroché à la thèse de RTL, et Acrimerd de préciser : "Le journal Libération avait pourtant, quelques heures seulement après la parution de l’article de RTL, mis en doute la version qui était donnée de cette vidéo, en précisant que – selon une source policière – elle ne permettait de voir que les jambes des protagonistes. On aurait pu s’attendre à ce que, plusieurs heures après la parution de cet article, France 2 en fasse mention pour, au minimum, relativiser les « révélations » de RTL. De même, si certains sites d’information ont modifié leurs articles au cours de la journée, la plupart n’ont pas pris cette peine."  (5)

Si Libération met à mal les allégations de RTL, je peux lire dans le même article : "En revanche, le film de la RATP «prouve que le groupe d’extrême gauche a attendu longtemps les skinheads à côté de la station de métro pour en découdre». Ce qui confirme les témoignages de vigiles et organisateurs de la vente privée de vêtements de marques anglaises (Fred Perry, Barbour, Ben Shermann et American Vintage) qui ont «vu et entendu les militants antifascistes chambrer les skinheads, Clément Méric ayant été le plus provocateur» en charriant les «fachos qui font leurs courses» et en leur lançant : «On vous attend dehors.»"(6)

Ils attendirent longtemps, mais pas en vain. La lutte contre le fascisme prend une méchante allure quand on y regarde de plus près, c'est pour cela qu'Acrimerd en appelle à l'arrêt des recherches et la délivrance de la vérité par la justice : « La vérité sur ce qui s’est réellement passé, nous la connaîtrons le jour du procès » . La vérité sur un libertaire anticapitaliste et tout le bazard aura le cachet de l'ordre bourgeois, tout un symbole, là je me gausse un peu.




(1) http://www.youtube.com/watch?v=eCERpsuMrmA

 (2) http://tempsreel.nouvelobs.com/mort-de-clement-meric/20130606.OBS2261/mort-de-clement-meric-son-meurtrier-s-est-marre-et-s-est-barre.html


 (3) http://www.youtube.com/watch?v=6NUfYJ_Gkds#at=18 (non violent )


 (4) http://www.liberation.fr/societe/2013/06/25/clement-antifa-devenu-icone_913775

(5) http://www.acrimed.org/article4106.html

(6) http://www.liberation.fr/societe/2013/06/25/mort-de-clement-meric-ce-que-dit-vraiment-la-video_913580




Commentaires

Anonyme a dit…
«l'extrême droite qu'on attendait au coin de la rue , qui flairant le danger dans son dos, a frappé«

Bravo ! Rien à redire, c'est encore mieux que sur RTL

http://www.acrimed.org/article4106.html

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