Monsieur Sapir est lucide.







Grendelbruch.

















« Voici donc la magie de l’Euro. Construire sous l’apparence de mesures techniques « neutres », et donc aisément vendables à une partie de la gauche européenne cherchant désespérément à dépasser le nationalisme, un cadre de long terme contraignant l’obligeant en fait à capituler sur le front de la lutte des classes. Je n’ai pu résister à employer cette expression, dont je signale qu’elle n’est pas de Marx à l’origine, car c’est elle qui décrit le mieux la situation actuelle. Oui, la politique de François Hollande est une politique de classe, mais certainement pas celle du « prolétariat », ou dirons-nous aujourd’hui des travailleurs de l’industrie et des services. C’est ce qu’expriment, avec toujours plus de colère, les travailleurs de Renault, de PSA, mais aussi de Florange qui se sont heurtés mercredi 23 janvier une nouvelle fois à une fin de non-recevoir de la part du gouvernement. C’est pour cela que la déconstruction de l’Euro, loin d’être le terrain de prédilection des nationalistes, est un champ qui doit être investi par ceux qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs. Faute de le faire, n’est-ce pas cher Jean-Luc Mélenchon, il ne faudra pas s’étonner de voir ces travailleurs se détourner et chercher ailleurs, et parfois dans des directions bien étranges, les moyens d’échapper à cette capitulation. La politique a horreur du vide, il faut s’en souvenir… »[ Source ]




Commentaires

Etonnant, nan ? a dit…
Citation salutaire. On comprend mieux pourquoi, de Philippot à Soral en passant par la louve en chef, sa "lucidité" est reprise en boucle par presque toutes les extrême-droites.

Reste que malgré tout Sapir leur crache quand même bien à la gueule. Mais ça ils ne le disent pas ... Vous non plus d'ailleurs.

http://www.challenges.fr/economie/20120113.CHA9178/le-chiffrage-du-projet-economique-de-marine-le-pen-est-il-credible.html
Le platane a dit…
"il ne faudra pas s’étonner de voir ces travailleurs se détourner et chercher ailleurs, et parfois dans des directions bien étranges ", et ces directions bien étranges et non désirables par Sapir sont bien celles du Front National. Tout le monde aura compris, sauf les crétins de service. Bien entendu que Sapir n'appelle pas à voter Front National. Mais il constate comme beaucoup de Français, voir d'Européens, que la monnaie unique n'est pas adaptée à tous les pays.


La monnaie unique ne pose pas seulement ce que certains appellent des problèmes économiques, c'est aussi une affaire de souveraineté, de libre choix. En gros c'est un problème démocratique. Certains peuvent rétorquer que l'argent c'est l'argent et que par voie de conséquence : Euro, Franc ou Dollar, c'est du pareil au même. Pourquoi pas, c'est leur droit. Mais Sapir s'étonne d'une chose : les gens qui n'ont que le mot démocratie à la bouche ne veulent pas de la souveraineté.

Ainsi la CGT avertit les travailleurs que la sortie de l'Euro se soldera par une catastrophe, il y a de cela deux ans, peut-être ont-ils changé d'avis depuis. La CGT nous présente directement la sortie de l'Euro dans sa version FN. Pour effrayer le chaland, on a pas encore fait mieux. Mais à force de tirer sur les mêmes ficelles, ces dernières finissent par s'user. Dans le même élan, je cite le NPA. Ce dernier se livre à une analyse que l'on pourrait qualifier de plus sérieuse, Mais le vernis scientifique craquelle vers la fin, et je ne parle pas du vernis révolutionnaire… Ainsi pour ces adeptes de la révolution permanente, il faudrait procéder par ordre, et tant que l'on aura pas procéder selon leurs vœux, toute sortie de l'Euro serait aventureuse et néfaste : « Un gouvernement de transformation sociale commettrait d’ailleurs une terrible erreur stratégique en commençant par sortir de l’euro, puisqu’il s’exposerait ainsi à toutes les mesures de rétorsion.» (1) . C'est Lénine qui doit applaudir des deux mains de là où il est. Les conditions de sortie de l'Euro sont tellement draconiennes au NPA, que l'on doute du caractère anticapitaliste de cette organisation. Mais une fois passé les problèmes de robinetterie et d'économétrie, nous arrivons enfin au cœur du sujet : « Politiquement, le risque est très grand de donner une légitimité de gauche aux programmes populistes. En France, le Front National fait de la sortie de l’euro l’un des axes de sa politique. Il renoue avec une logique national-socialiste qui combine le discours xénophobe avec une lecture faisant de l’intégration européenne la source exclusive de tous les maux économiques et sociaux. (2) » Et voilà, il est quand même pratique le Front National, un épouvantail parfait. Que l'on parle de souveraineté ou de démocratie élémentaire, c'est " attention le Front National en parle ", et le sujet est disqualifié d'office, chapeau bas!

Pour continuer sur le NPA et leur croisade pour la survie de l'Euro, je me dois de les citer encore une fois : « Laisser croire que la sortie de l’euro pourrait en soi améliorer le rapport de forces en faveur des travailleurs est au fond l’erreur d’analyse fondamentale. Il suffit pourtant de considérer l’exemple britannique : la livre sterling ne fait pas partie de l’euro, mais cela ne met pas la population à l’abri d’un plan d’austérité parmi les plus brutaux en Europe.»(3) Là, je pense que l'exemple Grec est un peu plus parlant que l'exemple Anglais.

Est-il envisageable de penser que la sortie de l'Euro n'est pas seulement une lubie d'extrême droite? Est-ce que la gauche et la gauche de la gauche de la gauche ne pourrait pas s'affranchir un peu de la propagande de la BCE, pour une fois… ou est-ce trop demander?




(1)(2)(3)http://www.npa2009.org/content/euro-en-sortir-ou-pas
Le platane a dit…
Je modère un peu mon propos sur le NPA, ces gens là parlent de menacer de sortir de la zone euro si nécessaire : "5. on n’exclut pas un bras de fer et on use de la menace de sortie de l’euro." (1) Je suppose que les gens en face vont être terrifiés, quelle bande de fins stratèges.

(1)http://www.npa2009.org/content/euro-en-sortir-ou-pas
Laissez-moi sortir ! a dit…
La sortie de l'euro un problème démocratique ? Pour ceux qui cantonnent la démocratie aux seules frontières nationales ça ne fait aucun doute. Pour les autres, qui majoritairement, en Grèce comme en France, ne veulent pas en sortir, c'est moins sûr. Heureusement il vous reste les anglais qui, comme chacun sait, sont de vrais démocrates ; puisqu'ils n'ont jamais été "membres" de la zone honnie.

http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/zone-euro.htm
Le platane a dit…
Constitution du 24 juin 1793

Article 23. - La garantie sociale consiste dans l'action de tous, pour assurer à chacun la jouissance et la conservation de ses droits ; cette garantie repose sur la souveraineté nationale.

Article 25. - La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable.


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Tout cela est parfaitement respecté, comme nous l'avons vu avec le référendum sur le traité constitutionnel européen. On nous a imposé le même traité quelques temps après, à quelques détails prés. Mais là, n'est pas le souci. Il paraîtrait qu'il existe encore des Français qui désirent restés dans la zone Euro.

Pour revenir à nos joyeux analystes du NPA, ils cherchent à nous mettre en garde contre une dévaluation de la monnaie :"C’est pourquoi il n’y a à peu près aucune expérience de dévaluation qui ne se soit pas traduite par une austérité accrue qui retombe en définitive sur les salariés. Pour que la dévaluation serve à la mise en place d’une autre répartition des revenus et d’un autre mode de croissance, il faudrait que les rapports de forces sociaux aient été profondément transformés. Faire de la sortie de l’euro un préalable revient donc à inverser les priorités entre transformation sociale et taux de change. Il y a là un glissement extrêmement dangereux.". (1)

Pour glisser, nous glissons. Actuellement , la guerre des monnaies ne se cantonne pas uniquement à l’Europe : " Enregistrant des déficits commerciaux, les dirigeants japonais viennent d’entrer à leur tour dans la guerre et de la généraliser. Conséquence : le yen descend par rapport au dollar, l’euro monte vis-à-vis de l’un comme de l’autre. Levant haut l’étendard de l’indépendance des banques centrales, choqué par l’interventionnisme du gouvernement japonais à l’égard de la sienne, Jens Weidmann a répliqué au nom de la Bundesbank. Il a déploré de voir s’engager ce qu’il a appelé « une politisation plus forte des taux de change », ajoutant « jusqu’à présent le système monétaire international a traversé la crise en évitant une course à la dévaluation et j’espère beaucoup que cela reste ainsi. »"(2)

Dans la course à la dévaluation , les Anglais ont aussi pris de l'avance. Devant la grande glissade qui s'annonce, la BCE devra faire des choix, et des pas drôles. Déjà, on avait l'austérité sans dévaluation de l'euro, maintenant je me demande comment l'euro échappera à une sorte de dévaluation si les gouvernements européens veulent suivre le train mondial. Nous aurions une austérité avec dévaluation forcée. Si tel est le cas, le fait de rester dans la zone Euro ne nous aura pas beaucoup protégé. Les concepteurs de l'euro ont mis la charrue avant les boeufs. Ils ont créé une Europe des échanges financiers et des cartels industriels, avant une Europe politique. Alors, que nous importe l'euro dans ces conditions.


(1) http://www.npa2009.org/content/euro-en-sortir-ou-pas

(2) http://www.pauljorion.com/blog/?p=49306



Lapeau léon a dit…
- "Ils ont créé une Europe des échanges financiers et des cartels industriels, avant une Europe politique. "

C'est l'un des nœuds du problème. de là à dire que le nationalisme cocardier est le meilleur moyen pour le résoudre ... Bof !

- "Alors, que nous importe l'euro dans ces conditions."

Vous faites bien de vous poser la question. Vous auriez même mieux fait de vous la poser avant de poster votre billet.

PS : Les positions du minuscule NPA semblent vous causer encore plus de chagrin que celles de la CGT. Y a-t-il explication rationnelle à cette étrange phobie ?
SOS gloubi-boulga a dit…
Sortir de l'euro ? Ce qu'en dit Jorion :

" Une autre option, que Sapir ne mentionne pas, SI L’ON ENTEND sauver la zone euro est celle que je propose sous la forme d’un défaut simultané et généralisé des 17, et de la restructuration de leur dette désormais à jamais mutualisée comme Eurodette. Le tout, accompagné d’une dévaluation de l’euro à la mesure de la décote qu’entérine la restructuration globale."

http://www.pauljorion.com/blog/?p=41730
Esclave alsacien a dit…
« La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable. »

Ouais bin comptez pas sur moi pour me mettre en conformité. Mes deux jours fériés supplémentaires je me les garde. Idem pour ma Sécu.
Samantha a dit…
Ce Sapir il me fait penser à ce belfortain juste avant son coma. Comment qu'il s'appelait déjà ?
Le platane a dit…
Le discours sur la sortie de l'euro distillé par le NPA en 2011 est celui de la Gauche en général. Nous pouvons retrouver le même discours à Lutte Ouvrière (1) .Pour Lutte Ouvrière, il s'agit encore de dénoncer la sortie de l'euro comme un projet aventuriste, néfaste pour les travailleurs. De plus, nous n'échappons pas non au cliché d'un retour au nationalisme le plus réactionnaire par le biais de l'abandon de la monnaie unique. Ce discours est plus ou moins repris par l'ensemble de la Gauche qui parle dans le poste. Je ne parle pas des gens qui votent traditionnellement à gauche. En gros, notre premier ministre en passant par Dany le rougeaud pour finir par la gauche de la gauche, tous chantent la même chanson - La sortie de l'euro c'est les sept plaies d'Égypte plus le retour aux heures les plus sombres de notre histoire.

Bien sûr, la sortie de l'euro n'est pas l'apanage du Front National. Mais les voix de gauche sont plus ou moins marginalisées et repoussées vers des rivages qui ne sont pas les leurs. Et si nous comptons sur la faculté de récupération de certains, la vision d'une sortie de l'euro venue de la gauche risque fort d'être mal interprétée.

Pour en venir au fait, la crise de la dette en Europe implique plusieurs acteurs en Europe. Des créanciers issus de la zone euro et des débiteurs issus de la zone euro. Il existe donc dans cette même zone, ceux qui ont intérêt au remboursement de la dette et ceux qui souhaitent une inflation ou le défaut de payement.

Tout cela rend la thèse d'un défaut généralisé des 17 pays de la zone assez improbable. La zone euro semble en proie à des contradictions internes qui pourraient hypothéquer son avenir. Mais c'est somme toute une expérience de pensée assez plaisante pour sauver la monnaie unique, c'est là le sens que je donne à la remarque de Jorion sur la thèse de Jacques Sapir.

La réalité est une autre expérience de pensée d'un type particulier. Aussi, deux ans après avoir loué ce grand rapprochement des peuples qu'est l'avènement de la monnaie unique. La gauche de la gauche peut mesurer tout le chemin parcouru en ayant en tête la réquisition des travailleurs grecs par les forces anti-émeutes, et ceci au nom de l'Union Européenne et du progrès . C'était bien la peine de nous agiter le spectre du " nationalisme réactionnaire" pour en arriver là.

(1) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/derriere-la-crise-de-l-euro
Anonyme a dit…
‹On vous a dit "cocardier" . Mais si vous préférez "réactionnaire" c'est qu'il doit y avoir une raison (ou une expérience de pensée devenue réalité). Laissez nous deviner ....

www.kontrekulture.com/produit/maillot-lézeurléplussombres

En définitive qui agite quoi ?.
Jack Lacan-Bourg a dit…
@ samantha

Facile !

CHE vainement
Nautilus a dit…
@ l'âne qui brait

Quelqu'un est venu vous causer de Pétain ou de Laval ? Quelqu'un s'est pointé avec un calembour sur les camps de la mort ? Qui ? Sapir ? Donc camembert avec les heures les plus sombres etc. Si vous n'êtes pas capable de vous tenir le temps d'écrire 20 lignes comment voulez-vous qu'on vous accorde un quelconque crédit.

Allez, Heil Hegel et pien le bonchour à l'hegelsturmführer, son éditeur, sa soeur et doute la compagnie
Etonnant, nan? a dit…
Toujours aussi drôle Platane. Vous vous plaignez qu'à gauche de la gauche il n'y ait personne ou presque pour vouloir sortir de l'euro. Et c'est vrai qu'à part un ou deux groupuscules (M'PEP et PRCF en tête de gondole) y pas grand monde pour mettre ça au programme.

Ceci dit bon courage si des fois vous vouliez approcher cette minorité. C'est pas à eux que vous expliquerez que Zemmour a quand même un peu raison sur Marx, l'immigration et les sans-papiers.

Par contre au FN et chez ce que certains appellent les "rouges-bruns" y a plein de petit malins prêts à vous suivre tête baissée. C'est en tout cas ce vers quoi on les pousse depuis un bon petit moment.

http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2011/01/26/alain-de-benoist-en-soutien-critique-a-marine-le-pen/
Le platane a dit…
@ anonyme "‹On vous a dit "cocardier" . Mais si vous préférez "réactionnaire" c'est qu'il doit y avoir une raison (ou une expérience de pensée devenue réalité). Laissez nous deviner…"

Monsieur, je m'en réfère au texte de Lutte Ouvrière où il est écrit : "La sortie de l’euro, une fausse solution réactionnaire". (1)

Donc votre gueule monsieur connard !!!Vous n'êtes pas le centre de mes commentaires !!!




@ Nautilus , voici le premier commentaire du billet :"Citation salutaire. On comprend mieux pourquoi, de Philippot à Soral en passant par la louve en chef, sa "lucidité" est reprise en boucle par presque toutes les extrême-droites."
Et bien sûr, il n' y a pas à faire de liens entre "presque toutes les extrême-droites" et Pétain ou Laval. D'ailleurs personne n'y pensent. Regardez le blog de référence en la matière : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/category/petain/

Blog cité sur ce même fil de discussion, c'est vous dire à quel point vous êtes un crétin. Etonnant, nan?

@ Etonnant, nan?

La réponse est ici : http://lesarbresdestrasbourg.blogspot.fr/2012/12/parlons-serieusement.html



(1) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/derriere-la-crise-de-l-euro
Le platane a dit…
Bien sûr, comme le sujet de l'Euro s'éloigne à grands pas… comme prévu d'ailleurs. Les commentaires ne sont plus publiés sur ce fil de discussion. Sur un prochain billet, peut-être, alors patience.

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