Sur la transition



L’Orangerie . [ Strasbourg ]


Ulrich von Hassell soulignait à plusieurs reprises la « bolchévisation » du régime hitlérien. Il voyait cette tendance par l'appel qui était fait au couche les moins aptes moralement à gouverner l’Allemagne. Les nouveaux cadres se recrutaient dans la plèbe au sens le plus péjoratif du terme. Ulrich von Hassell est le représentant des mœurs de l'ancienne Allemagne, chrétien et conservateur. Sa comparaison avec le régime stalinien prenait sa source dans l'aversion du christianisme par les nazis. L'Église allemande s'opposa par exemple à l'extermination des « simples d'esprit » ou des personnes atteintes de maladie incurable. Il trouvait le comportement de la police allemande digne de la Tchéka. Il ne manque pas nous plus de nous livrer une anecdote sur une certaine admiration de Hitler pour Staline.

Le national socialisme est arrivé au pouvoir dans une société figée, son discours était dirigé contre ce qu'il nommait la « haute société ». J'ai lu, il n'y pas si longtemps le livre de David Schoenbaum, La Société allemande sous le IIIe Reich. Dans le résumé d'un distributeur de livre en ligne, on peut lire ceci : « troisième point : à partir de là, l'historien américain montre que le régime hitlérien, en accélérant la transformation socioéconomique du pays, est parvenu paradoxalement à créer les conditions d'exercice de la démocratie allemande après 1945 ». Le national socialisme a décloisonné la société allemande qui était fortement hiérarchisée. Dans la préface d'Emmanuel Todd, j'ai cru lire d'une façon plus directe que les nazis participaient à un mécanisme de démocratisation dans le sens où ils permettaient aux couches inférieures un changement de statut dans les commandes du pays. La démocratisation ne s'entend pas comme on la conçoit dans les médias.

Ce type de phénomène me fait penser au cheminement d'Athènes vers la démocratie. Entre la royauté et la démocratie, il y eut des porteurs de massue pour soutenir la tyrannie. Voilà un schéma qui semble gravé dans le marbre de l'intemporalité, que voilà un beau lit de Procuste.

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