De la méthode sur un changement de buste.
Trégastel
En regardant le terminal droit dans ses pixels, en me retournant vers la fenêtre donnant sur de petits immeubles couleur saumon, je ne fais rien, sinon d'enregistrer vaille que vaille des informations. Passage de piétons et de piétonnes capuchonnés, si il n'y pas de capuchon, un parapluie. Les feux jaunissants des petites voitures viennent se perdre sur les vitres de l'appartement, j'entends claquer des talons dans l'appartement d'en haut, une sirène fatiguée entonne le chant morne de l'arrivée des secours d'urgence. Vu de ma chaise, le ciel grisâtre occupe moins de dix pour cent de mon champ de vision. Un chien aboie dans la cage d'escalier. C'est un jour de congé, c'est un jour de semaine. Dans l'écran, les grandes nouvelles nous arrivent, toutes aussi menaçantes les unes que les autres. On nous apprend que les recettes fiscales baissent, alors «que nous avons terriblement besoin d'argent», cet argent, il faudra bien le prendre quelque part. Je ne pense pas qu'on puisse le prendre en Suisse, dans le compte caché d'un ancien ministre délégué au Budget et ancien membre du Grand Orient de France. Les bons plans ont une fin, et la recette fiscale s'effectuera suivant la vieille recette. Il faut que chacun mette la main au porte monnaie, il en va de la solidarité nationale, n'est-ce pas? D'un autre côté, nous voyons approximativement à quoi servent les impôts. Comment croyez-vous que l'on renfloue les banques ? C'est une bonne question, et une partie de la réponse de retrouve dans ce petit billet qui relate les suite de la crise financière commencée il y a quatre ans :
« M. Henri Emmanuelli : Je peux comprendre que l’on juge ce dispositif insatisfaisant du point de vue moral. Mais la question n’est pas là. La crise de Dexia a déjà coûté 4 milliards d’euros à la Caisse des dépôts et consignations et à CNP Assurances, et je ne sais combien à l’État… »
« M. Charles de Courson : Non, car en tant qu’ancien magistrat, je me suis toujours opposé à de telles dispositions. On nous dit que cette jurisprudence va avoir un impact considérable sur les banques – estimé, compte tenu du nombre d’assignations en cours, à environ 1 milliard d’euros. Mais je suis choqué par un tel argument : le rôle du législateur est-il de défendre les banques lorsqu’elles font des erreurs ? Au minimum, il faudrait supprimer le point II de l’article. »
J'ai l'impression qu'il n'y a plus que les spécialistes ronchons que cela révolte et quelques lecteurs de presse financière. Sinon les projecteurs sont bloqués sur Le racisme.Et là nous avons droit à un festival hors norme. Une gamine hurle durant un e manifestation avec une banane et traite la ministre de la justice de Guenon et c'est la curée. Voilà que toute la bonne conscience de gauche peut se déchaîner contre l'insignifiante connerie de droite. C'est ce qui s'appelle en terme sportif, « revenir sur ses fondamentaux ». Ainsi nous avons un certain Morel insultant la petite fille de 11 ans pendant plus cinq minutes sur la radio publique, et « petite conne » par ici, et « petite conne » par là, bref un saupoudrage de « petite conne » avec des mots entre. Bien sûr que l'enfant n'avait pas été très inspirée lors la manifestation contre la ministre de la justice, ce qui était condamnable, c'était le discours distillé par les adultes. Là, il n'y avait rien à redire. Mais de là à s'acharner sur une petite fille de onze ans dans une chronique qui va être entendue par des millions d'auditeurs, sans compter la diffusion par capillarité du réseau, c'est un tour de force que seul un abruti est capable, qu'il soit de droite ou de gauche. Pour le coup, nous avions un abruti de gauche, l'abruti de gauche est d'autant plus comique qu'il n'a pas conscience de son abrutissement, il se croit le dépositaire légal du progrès et de la morale dans le monde. Tandis que l'abruti de droite est plus avisé, il sait qu'il a les Bisounours contre lui, il se contrôle un peu. Tandis l'abruti de gauche se doit d'être subversif, il renverse allègrement tous les codes sociaux, l'abruti de droite se doit de poser quelques limites restrictives au grand renversement des valeurs. Je parle d'abruti de gauche ou de droite pour faire court, dans l'exemple du comique Morel, humoriste d'Êtat, défenseur du ministre de la justice et de son gouvernement, nous n'avons pas d'autre mot. Cet humoriste d’Etat ira même jusqu'à s'excuser, s'acharner sur une fillette de onze ans était presque légitime, car c'était l'expression d'un juste courroux. Oublions vite fait notre humoriste d’Etat. C'était pour mettre l'ambiance. Car ne nous trompons, il y a aussi des écrivains socialistes d'Etat et un peu moins abrutis… quand même!
Un écrivain se détache du lot depuis quelques jours. Il défend madame la ministre de la justice et la congratule pour sa politique, jusque là rien d'original, il défend le pouvoir c'est son droit le plus strict. Mais il y a la manière, en terminant sa lettre de soutien au ministre, soutien contre les attaques à caractère racistes dont elle est victime, il cite Bernanos, je suppose que l'on doit cela à son génie subversif… Bernanos bénissant du fond de sa tombe le mariage pour tous et soufflant à madame Taubira : « les ratés ne vous rateront pas ». Monsieur Moix a eu les neurones explosés par son prix Renaudot, il côtoie déormais Céline, Marcel Aymé et d'autres moins glorieux comme Beigbeder et Virginie Despentes. Il se croit donc permis d'agiter le cadavre de Bernanos à sa guise, cela n'est pas très élégant. Bien installé sur le tabouret de Bernard-Henri Lévy, notre écrivain clame haut et fort qu'il nous faudrait une Marianne métissée comme symbole de la République. Que dire à cela, nous avions déjà un timbre dont la Marianne était inspirée par la meneuse des Femen, « in gay we trust» n'est-ce pas? Mais pour Yann Moix, cela n'est pas suffisant, vous noterez qu'il n'est pas novateur dans la matière, il y donc eu un précédent en début d'année avec la Femen sur le timbre en guise de Marianne, ce fût le choix judicieux de François Hollande. Soit! Mais Marianne est le symbole de la révolution, si l'on veut une nouvelle Marianne, il nous faut une nouvelle révolution. Je suppose que cette révolution aura tout pour plaire à BHL . Yann Moix veut nous changer les règles du jeu, ce n'est pas en léchant le cul de monsieur Hollande que l'on aura une nouvelle révolution, donc un nouveau symbole. C'est un peu raide comme formulation, mais tout le monde aura compris.
Commentaires
(1) http://blogs.lesinrocks.com/billetdur/2013/11/18/cher-eric-naulleau-2/
Il est vrai que ça n'aide pas vraiment à être serain. Vous devriez faire comme vos amis et autres mentors : vous faire acheter un chateau.
Vous agissez comme ceux qui rajoutent de grossiers indices sur la scène du crime. Quel bouffon maladroit vous faîtes, et en plus monsieur distille des conseils. La rigolade… mais quel mariole… Pour le reste, vous trouverez vos futures remarques dans L'égout terminal des commentaires