Je continue à me renseigner sur La Syrie.
Cascade du Nideck .
Voici une des lectures les plus intéressantes sur la Syrie en ce qui concerne ce mois. Quant à mon avis personnel sur la chose, c'est non à l'ingérence occidentale en Syrie. Il n' y a pas besoin d'être pro-Bachar pour être de cet avis. Je précise, pour ceux qui se poseraient des questions. Donc voici un extrait de l'article en question :
La question syrienne
Akram Kachee et Jérôme Maucourant
« La génération des 15-25 ans, fer de lance de la révolte actuelle, est issue des transformations économiques et sociales, elle n’a que très peu ou pas connu la période Hafez Al-Assad. Ces jeunes sont pragmatiques dans leur choix de formation ; certains maîtrisent parfaitement les outils des nouvelles technologies de l’information et la communication. Ils travaillent plus pour le secteur privé que la génération précédente. Ils ne renient aucunement leur appartenance religieuse et sont parfois pratiquants, mais peu tentés par l’idéologie islamiste. Ces changements sociaux et l’émergence de cette nouvelle génération se reflètent dans le mouvement qui a débuté en mars 2011. Depuis cette date, les Syriens se distinguent par leur capacité d’organisation, leur créativité, leur solidarité dans un contexte de répression et de violence extrême. Partout en Syrie, des initiatives se sont développées [11] : création de comités locaux de coordination, organisation de l’entraide, mise en place d’hôpitaux clandestins, de villages autogérés, développement de nouveaux modes de contestation, prise en charge des fonctions de l’Etat défaillant (ordures ménagères, sécurité…), créations de journaux en ligne (Souriyatouna, Jousourouna…) et de réseaux d’artistes contestataires et d’œuvres engagées … Récemment [12], une vingtaine d’organisations, qui sont engagées dans le processus de contestation et qui, pour une part, reflètent cette Syrie nouvelle, ont d’ailleurs condamné l’impasse que constitue l’insurrection armée.
Ces expériences, vécues en commun par des composantes très diverses de la société syrienne, ont fait émerger un sens civique, une conscience politique, une capacité de recherche du compromis, et rendu possible la création de la coalition nationale Watan reflétant la diversité de la société. Cette révolution populaire et collective a cependant bien du mal à faire entendre sa voix depuis le mois de juin 2012. L’autre révolution, celle de la lutte armée, s’impose chaque jour davantage, mais ce qui a été vécu et partagé, la maturité sociale et politique qui a été acquise par la force des évènements est en passe, comme le soutient Michel Kilo, d’extirper le régime des entrailles de la société.
Mais, pourquoi cette nouvelle réalité syrienne est-elle occultée ? En premier lieu, l’on doit remarquer que les soutiens du régime ont intérêt à cacher cette nouvelle Syrie, qui rend inutile une tyrannie se justifiant ad nauseam dans la « défense » supposée des « minorités ». En second lieu, des opposants, en sympathie avec le sunnisme politique, trouvent évidemment, dans la lecture confessionnelle, un récit séduisant rendant compte d’une supposée et fort injuste marginalisation des Sunnites. En troisième lieu, il convient de noter la fascination commune pour le modèle libanais qui était déjà celle de Seurat. Ce modèle est la preuve éclatante que les déterminations ethno-confessionnelles peuvent recouvrir le champ politique. L’allégeance des citoyens à l’« Etat confessionnel » passe d’abord par la confession, ce qui nie la nation comme organisation politique du peuple et comme sentiment collectif. L’Etat libanais est un Etat sans peuple, c’est une forme de gouvernement postmoderne de diverses communautés, ce qui fascine les nombreux tenants de l’inanité de l’Etat-nation. » [ Source ]
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