Sous les décombres de l'extrême gauche libérale.



Ballon de Servance. 








Dans l'épais dossier qui commence à se constituer sur ma personne, nous pouvons lire une piécette sensée être liée aux problématiques que je me pose. Cet élément qui devrait constituer le matériel d'un pénible pensum permet de saisir tout le génie de l'extrême gauche libérale.

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DIALOGUE AUX ENFERS ENTRE UNE TETE DE TURC ET UN TARTUFFE dit :
15/02/2012 à 9 h 56 min
- Jacques Attali : « L’immigration n’a absolument rien à voir avec la crise […] »
- Éric Zemmour : « Bien sûr que si […] »
- Jacques Attali : « Ça n’a aucun rapport »
- Éric Zemmour : « Marx l’explique très bien… »
- Jacques Attali « Non non. Marx ne parle de l’immigration d’aucune façon. »
- Éric Zemmour : « … « L’armée de réserve du capitalisme, c’est les immigrés et les chômeurs » »
- Jacques Attali : « L’armée de réserve du capitalisme, c’est les chômeurs, ce n’est pas du tout les immigrés. Ça n’a aucun rapport. On sait très bien que chômeurs et immigrés, ce n’est pas la même chose. […] »
Le grand marxologue Éric Zemmour a mal révisé ses fiches : même Jacques Attali connaît mieux Marx que lui.
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Monsieur Zemmour a parfaitement raison de relier l''immigration à la crise du monde capitaliste. Je précise que ce ne sont pas les immigrés les responsables de la crise, mais uniquement le système d'échange dominant qui amène les phénomènes de migration. Monsieur Wallerstein exprime la chose en peu de mots : « L’immigration, que je préfère appeler une migration, ne serait pas un problème dans un monde relativement égalitaire, parce que la majeure partie des gens préfère vivre là où ils sont nés ou, en tout cas, où il ont leurs liens culturels propres. Ceux qui migrent, eux le font pour améliorer leur situation économique et politique, et les chefs d’entreprise profitent de cette source de main d’oeuvre comparativement plus bon marché que celle des pays récepteurs. Le problème des migrations ne peut être résolu dans ce système, ni dans les cadres étatiques ou avec des activités policières, parce qu’il est provoqué par l’immense polarisation économique, sociale et politique dans le monde. Tant que ne disparaitra pas celle-ci, nous n’aurons pas de solutions définitives au problème des migrations.»
Nous voyons que Monsieur Wallerstein va dans le sens de Zemmour en désignant, avec les chômeurs pour ce dernier, les habitants des pays pauvres comme « armée de réserve du capitalisme ».  Encore une fois, ce n'est pas de la faute aux migrants mais c'est un fait qui est du aux déséquilibres du système d'échange mondial dominant. Maintenant, il paraîtrait que que le grand mondialiste Attali connaisse mieux son Marx que Zemmour.  Alors d'accord, lisons Marx :


« "Supposons" , dit H. Merrivale, qui fut tour à tour professeur d'économie politique à l'Université d'Oxford, employé au ministère des colonies anglaises et aussi un peu historien, « supposons qu'à l'occasion d'une crise la nation s'astreigne à un grand effort pour se débarrasser, au moyen de l'émigration, de quelque cent mille bras superflus, quelle en serait la conséquence ? C'est qu'au premier retour d'une demande de travail plus vive l'on se heurterait contre un déficit. Si rapide que puisse être la reproduction humaine, il lui faut en tout cas l'intervalle d'une génération pour remplacer des travailleurs adultes. Or les profits de nos fabricants dépendent surtout de leur faculté d'exploiter le moment favorable d'une forte demande et de s'indemniser ainsi pour la période de stagnation. Cette faculté ne leur est assurée qu'autant qu’ils ont à leur disposition des machines et des bras; il faut qu'ils trouvent là les bras; il faut qu'ils puissent tendre et détendre selon le caprice du marché, l'activité de leurs opérations, sinon ils seront tout à fait incapables de soutenir dans la lutte acharnée de la concurrence cette suprématie sur laquelle repose la richesse de notre pays [9]. » Malthus lui-même, bien que de son point de vue borné il explique la surpopulation par un excédent réel de bras et de bouches, reconnaît néanmoins en elle une des nécessités de l'industrie moderne. Selon lui, « les habitudes de prudence dans les rapports matrimoniaux, si elles étaient poussées trop loin parmi la classe ouvrière d'un pays dépendant surtout des manufactures et du commerce, porteraient préjudice à ce pays... Par la nature même de la population, une demande particulière ne peut pas amener sur le marché un surcroît de travailleurs avant un laps de seize ou dix-huit ans, et la conversion du revenu en capital par la voie de l'épargne peut s'effectuer beaucoup plus vite. Un pays est donc toujours exposé à ce que son fonds de salaire croisse plus rapidement que sa population [10]. » Après avoir ainsi bien constaté que l'accumulation capitaliste ne saurait se passer d'une surpopulation ouvrière, l'économie politique adresse aux surnuméraires, jetés sur le pavé par l'excédent de capital qu'ils ont créé, ces paroles gracieuses, pertinemment attribuées à des fabricants-modèles : « Nous fabricants, nous faisons tout notre possible pour vous; c'est à vous de faire le reste, en proportionnant votre nombre à la quantité des moyens de subsistance [11].

Le progrès industriel, qui suit la marche de l'accumulation, non seulement réduit de plus en plus le nombre des ouvriers nécessaires pour mettre en œuvre une masse croissante de moyens de production, il augmente en même temps la quantité de travail que l'ouvrier individuel doit fournir. A mesure qu'il développe les pouvoirs productifs du travail et fait donc tirer plus de produits de moins de travail, le système capitaliste développe aussi les moyens de tirer plus de travail du salarié, soit en prolongeant sa journée, soit en rendant son labeur plus intense, ou encore d’augmenter en apparence le nombre des travailleurs employés en remplaçant une force supérieure et plus chère par plusieurs forces inférieures et à bon marché, l'homme par la femme, l'adulte par l'adolescent et l'enfant, un Yankee par trois Chinois. Voilà autant de méthodes pour diminuer la demande de travail et en rendre l'offre surabondante, en un mot, pour fabriquer des surnuméraires.»




Mais quels étaient les Chinois dont nous parle Karl Marx, pour cela il suffit d'un minimum de recherche à la portée de tout le monde : « Le printemps 1864 voit l'arrivée à San Francisco de milliers de Chinois qui fuient la famine. Charles Crocker décide de les employer malgré l'opposition de Strobridge. Crocker estime que les Chinois ont toutes les qualités et l'expérience requises pour les travaux. Ces coolies se révèlent être une excellente main-d’œuvre plus efficace et meilleure marché que les Européens ou les Américains. En 1868, ils représentent 2/3 de la main-d’œuvre[2]. Ils recevaient un salaires inférieur à 35 dollars par mois et devaient construire leur propre abri[3]. »



Pour conclure, nous nous apercevons que Zemmour a raison contre Attali. Non pas que monsieur Zemmour ait absolument raison sur tout, mais dans ce cas bien précis, il est parfaitement bien informé. Il se peut aussi que Marx ait tort en regard de la situation actuelle et que nouvelles données viennent mettre à mal son analyse, mais c'est là un autre sujet. Ce qui apparaît, c'est une cruelle absence de culture de la part de certains ennemis déclarés de ce monde. Soit ce type de propagation de fausses informations est à attribuer à une paresse intellectuelle, soit c'est un acte délibéré, donc au combien intéressé. En tout état de cause, la larve libérale qui espérait ramper mais qui n'en est même pas capable, ne mérite que le mépris d'individus sincèrement épris de vérité.

Commentaires

Le platane a dit…
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