La minijupe orange



Le Jardin Botanique . [ Strasbourg ]







Une très belle journée sur les bords du Rhin. Je suis passé à quelques mètres de Nicolas Hulot sans m'en apercevoir, quelle importance. Après je suis allé manger une glace en jetant un œil sur Benetto Croce, un classique. L'autre œil était consacré à la femme en minijupe orange installée à côté de moi. Une belle minijupe orange, orange comme la pluie qui tomba sur Minsk quelques jours après l'accident nucléaire de Tchernobyl.


---------------------------------------------------------------------------------------------

SCÉNARIOS POUR FUKUSHIMA, par François Leclerc


La multiplication des mesures annoncées au fil des jours par Tepco – pour certaines abandonnées avant même d’avoir été exécutées – met en évidence l’accumulation et l’imbrication des difficultés que l’opérateur rencontre pour mener à bien ses tentatives de reprise en main de la situation. Ainsi que les contradictions dans lesquelles il se trouve concrètement placé.

Le tableau ainsi tracé illustre les dangers de la longue dérive de la catastrophe qui se poursuit. Elle reste difficilement maîtrisée, du bout des doigts, sans garantie pour la suite. Prenant l’aspect d’une sorte de glissade vers l’inconnu et laissant en suspens planer le risque de très importants rejets radioactifs, si la piscine n°4 venait à s’effondrer ou une enceinte de confinement à finalement se briser. La stabilisation de la situation qui est intervenue est donc très relative. Fukushima est décidément une catastrophe de troisième type: une catastrophe rampante.

Il est peu probable que les nouvelles explorations des bâtiments des réacteurs par des robots japonais – plus aptes à franchir les obstacles que les précédents – aboutisse à la conclusion que des interventions humaines seront dans un proche avenir possibles. Une conclusion qui va mettre en cause toute perspective d’amélioration du système palliatif actuel de refroidissement des installations, notoirement insuffisant, contribuant aux énormes difficultés rencontrées, qui ne manquent déjà pas.

On a ainsi appris que la température au sein de la piscine n°4, après avoir hier baissé en raison de nouvelles injections de 210 tonnes d’eau – malgré le danger que représente la fragilité de ses murs de soutènement – avait à nouveau remonté, le niveau de l’eau étant 2,50 mètres en dessous de la normale.

Autre manifestation des contradictions dans lesquelles se trouve l’opérateur, il a également reconnu impossible dans l’immédiat – en raison de la radioactivité – la mise en œuvre du projet d’installation d’un système de filtrage d’eau contaminée et d’échange de chaleur au sein du réacteur n°1, où 70% du combustible est considéré endommagé et 6 tonnes d’eau sont injectées par heure afin de contenir toute élévation de la température. Le niveau de l’eau n’atteint cependant toujours pas le haut des barres de combustible.

De nouvelles informations ont également été données à propos des travaux d’enlèvement des débris radioactifs qui parsèment le site et dont une carte a été dressée et est mise à jour régulièrement. Des émissions de 300 millisieverts par heure sont dégagées par des débris aux abords du réacteur n°3, celui qui a connu la plus forte explosion d’hydrogène. La zone autour du bâtiment administratif a pu être dans une large mesure dégagée, depuis que le début des travaux a commencé, le 6 avril dernier. Les travaux se poursuivent désormais aussi lentement autour des réacteurs n°3 et 4. Une quantité importante de débris ont déjà été recueillis, stockés dans une cinquantaine de containers placés à l’écart, d’où se dégagent à un mètre de distance de ceux-ci des émissions radioactives de 1 à 2 millisieverts.

Tout est long à réaliser. Tout est source de pièges et d’embûches.

La précarité de la situation reste forte. Deux scénarios possibles s’en dégagent prioritairement. Soit la poursuite des incertitudes actuelles, sans autres moyens que ceux qui sont déjà mis en oeuvre, soit la rupture inopinée d’une ou de plusieurs structures, aboutissant à un dégagement massif de la radioactivité, dont l’essentiel est pour l’instant contenu.

Moins spectaculaire, le premier n’en serait pas moins insidieux, car il est peu probable que l’opérateur parvienne à limiter les émanations émises en continu par la centrale, aboutissant au fil des temps à une fuite cumulée importante de radio-éléments type césium-137. Ce scénario serait donc celui d’une lente montée de la contamination, aboutissant inévitablement à l’élargissement de la zone d’interdiction et au renforcement de mesures de restriction dans une zone pouvant déborder très largement autour.

Déjà, la préfecture de Fukushima a décidé de limiter à une heure par jour la présence des enfants, lors de leurs activité à l’extérieur des écoles, dans 5 sur 13 des parcs qui se situent sur son territoire. Les visiteurs des parcs en question sont invités à ne pas porter du sable à la bouche, se laver les mains et se gargariser en les quittant.

Des méthodes d’amélioration de la mesure de la contamination de l’eau des réseaux de distribution sont par ailleurs à l’étude, y compris pour Tokyo. Elles visent à prendre en compte les effets d’une propagation sur de larges étendues de la contamination par les vents – selon leur direction – la pluie et les sols, atteignant finalement des nappes phréatiques.

Toute la mesure de la catastrophe ne va donc se révéler que progressivement, si rien ne vient la précipiter. La saison des typhons va par ailleurs commencer en mai.


( Source )

Commentaires

Articles les plus consultés