Tout feu, tout flamme!






Rue de la Fabrique . [ Strasbourg ]


Un funérarium ne ressemble à rien de spécial, on n'y distingue pas une grande cheminée. Le jour d'un grand départ, les places de stationnement se remplissent. Ce funérarium est placé entre une petite zone industrielle et un quartier dit populaire. Les aux alentours sont boisées, ce qui permet de se soulager derrière un arbre tout en observant ceux qui vont se rendre à la cérémonie. En s'approchant du bâtiment, on peut distinguer quelques visages connus, ceux des anciens collègues. L'entreprise ayant fermé, il ne subsiste plus que des « ex ». Tout doucement le hall se remplit. Vos anciens chefs qui voulaient vous licencier, les anciens collègues qui vous enfonçaient en douce… et les bons gars aussi. Par bonheur, le soleil est au rendez-vous. Personnellement je disais au revoir à toute une période d'activité professionnelle en rendant un dernier hommage à feu notre ancien délégué syndical. La hiérarchie syndicale était aussi présente, un homme légèrement hémiplégique à quelques années de la retraite nous a gratifié son éloge funèbre, « têtu mais pas entêté ». Sinon, pour la grande majorité, ils étaient pratiquement tous à la retraite ou au chômage.

Notre locale syndical possédait un splendide buste de Lénine de dix centimètres de haut entouré de coupes de concours de pêche. Sur un pan du mur était accroché la grande place Karl-Marx Stadt et sur l'autre le portrait de Karl Marx.
Cela donne la mesure de l'ambiance qui régnait dans le local.

Au milieu des années 1980, la télévision régionale avait qualifié les ouvriers en grèves de l'usine de « rouges ». Quand l'usine a fermé, plus d'un tiers des gars étaient encore syndiqués.

Je me souviens d'avoir participé à une manifestation traîne savate dont les directions syndicales ont le secret. Devant l'apathie générale qui régnait rue Sédillot, notre délégué eut une moue dubitative et déclarât « Ja, mais on sort les fusils ou quoi ? »

Ce qui me fait penser que demain c'est l'anniversaire de Mikhaïl Kalachnikov. Il va fêter ses 90 ans en plein dans les festivités du Mauerfall.



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