La nouvelle Jérusalem

L’Orangerie . [ Strasbourg ]

«Exactement, Nous, Allemands, avons entrenu notre haine de la Première Guerre mondiale jusque dans la Seconde, et voici que vous êtes en train d'entretenir la haine provoquée par le meurtre de cinq millions de gens en vue d'une nouvelle guerre mondiale.»

Telles sont les paroles confiées à Leon Goldensohn par Hans Fritzsche. Hans Fritzsche était le responsable de la propagande à la radio de 1942 jusqu'à la fin de la guerre dans l'Allemagne nazie. Ces propos concernaient le rapport des Américains et des Allemands dans le monde de l'après guerre. Mais aujourd'hui ces propos prennent une autre saveur. La haine de l'Amérique semble plutôt s'être déplacée vers le Sud et le Levant. Cette haine de l'Amérique va de paire avec celle du néocolonialisme qui sévit en Palestine. A défaut de nouvelle guerre mondiale, nous sommes en face d'une guerilla mondiale et d'une propagande de guerre mondiale. Je suppose, que ce conflit est plus prégnant au nord de l'Équateur.

En tout état de cause, c'est lors des émeutes de 2005 que j'ai senti que ce qui se passait en Palestine pouvait avoir des répercutions en France. C'est à dire que cela pouvait constituer un mobile d'agitation violente dans nos rues. C'est à la faveur d'un reportage de Canal+ que j'ai pu mesurer à quel point le conflit israëlo-palestinien était présent dans le cœur de certains émeutiers. Dans ce reportage, on pouvait entendre le slogan "Sarkozy sale juif" scandé par une dizaine d'émeutiers face à la compagnie républicaine de sécurité. La chaîne payante a eu le bon goût de sous-titré cette scène par "Sarkozy fasciste". Quelques secondes plus tard, nous entendons un émeutiers exalté qui déclare à l'une de ses connaissance, dans le feu de l'action, sous le feu des CRS : « c'est comme à Jérusalem mon Frère !». Visiblement, ce constat avait l'air de l'enchanter, et l'on pouvait penser que désormais il avait mis un nom et une cause sur sa révolte en pleine banlieue parisienne.

Du point de vue du spectateur que j'étais, on ne pouvait que sourire devant les ravages du politiquement du politiquement en action à Canal+. D'autre part, j'avais le sentiment d'un certain dessaisissement de la question sociale au profit d'un conflit qui a lieu à des milliers de verstes d'ici. La première pensée qui me vint à l'esprit était de souhaiter que toutes les personnes exaltées par la libération de la ville sainte de Jérusalem puissent s'y rendre et y régler leurs petites affaires. Certes Strasbourg a été aussi promue au rang de nouvelle Jérusalem, mais ce fût en 1533 par Melchior Hoffmann. Mais pour ce qui concerne l'époque actuelle le « c'est comme à Jérusalem mon Frère !» ne me semblait pas une option souhaitable et surtout elle n'était pas plausible à mes yeux . Aussi, je mis cette remarque de l'émeutier sur le dos de la recherche de reconnaissance à travers des analogies douteuses. Que pouvait bien avoir de commun la banlieue parisienne et les territoires occupés de Palestine? J'ai pensé que ce brave jeune homme s'était monté un film.

Et quel film! On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. L'émeute générale de 2005 n'a pas eu le même traitement médiatique que les événement de mai 1968. On ne sait pratiquement rien d'elle, si ce n'est qu'elle déroulée durant le règne de monsieur Sarkozy au ministère de l'intérieur. Pour moi, ce dernier n'est pas pour rien dans ses émeutes. Il a joué avec des allumettes sur une poudrière. C'est du moins l'impression de beaucoup de Français. D'autres, plus proche du parti présidentiel pensent de la manière suivante : « dire que ce sont ses paroles qui ont provoquées les sauvageons des cités, mon Dieu comment peut-on encore écrire ou penser cela ! Ils n'ont pas besoin de lui pour être dangereux et barbares». De même quand on entend un homme se croyant à Jérusalem en face de Tsahal en pleine banlieue parisienne, on est porté à croire qu'il est victime d'un syndrome d'identification lié à un manque de reconnaissance, la pathologie n'est peut-être pas très loin.

Mais surprise, cet homme est en bonne santé et il n'hallucine pas. J'ai été surpris en lisant quelques pages de monsieur Blanrue quelques années après les émeutes de banlieue de 2005.

Extraits :

«Les relations tissées avec Israël apparurent tellement positives à Nicolas Sarkozy, qu’en décembre 2005, il fit appel, en France, aux services d’ordre de l’État juif. Désirant profiter de leur «expérience» en matière de «maintien de l’ordre» (ces services sont, je le note au passage, un élément actif de la répression des Palestiniens), il invita à Paris les chefs de la police israélienne, Gideon Ezra et Moshe Karadi.

Le quotidien Haaretz, qui fournit l’information, ajoutait que les deux chefs policiers (l’un, ministre de la Sécurité Publique, l’autre, Haut Commissaire de la Police) restèrent quatre jours dans notre pays. Ils eurent des entretiens avec Sarkozy et ses collaborateurs, et passèrent en revue des unités de CRS et de gendarmes mobiles. «On s’attend à ce qu’Ezra et Karadi apportent à leurs homologues français la leçon qu’ils tirent de la répression des émeutes dans leur propre pays, dont les événements d’octobre 2000», écrivait Haaretz. «Il se dit que la partie française est vivement intéressée par le savoir-faire israélien en la matière», ajoutait le quotidien israélien. Des thèmes de coopération plus approfondie entre les services de police des deux pays furent également abordés, sans qu’on en sût davantage.

Les banlieues françaises et leurs problèmes de sécurité étaient-elles comparables, dans l’esprit du ministre, aux «territoires occupés»? Nicolas Sarkozy ne le déclara pas aussi franchement. On ne pouvait néanmoins s’empêcher d’y voir un signe. Comment s’étonner ensuite que les «jeunes» des cités ne se prissent pour des Palestiniens? La venue des «spécialistes israéliens» revenait à prendre le risque de les conforter dans ce rôle et d’accentuer le processus de communautarisation qui rongeait déjà la République.»

Source : http://sarkozyisraeletlesjuifs.blogspot.com/2009/07/sur-le-site-de-michel-collon-extraits.html


Ce n'est pas encore la guerre mondiale avec ses bombardements monstrueux, mais force est de constater que le conflit en Palestine est importé en France, cela devient un conflit qui tendrait à se généraliser. Et cette importation ne passe pas par le truchement des mosquées clandestines et non plus par les jeunes des cités.