La ballade





Chemin du Heiritz . [ Strasbourg ]

Contrairement à ce que veut faire croire le scandale sur talonnettes, je n'étais pas venu pour manifester pour "la paix dans le monde". J'étais venu manifester contre l'intégration de la France dans l'Otan, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. La manifestation ne prendra l'allure d'une ballade dominicale, tout le monde le sait. En regardant la configuration des lieux, il était clair que le manifestant s'embarquait dans une galère. Le quartier est une île reliée à l'Allemagne par trois ponts et à la ville de Strasbourg par quatre. Les ponts qui menaient vers l'Allemagne étaient bloqués par les forces de police allemande. Pour accéder au lieu de rassemblement j'ai emprunté le pont d’Anvers où étaient stationnés une bonne dizaine de véhicules de CRS, il ne restait que le trottoir pour circuler. Au loin une petite fumée noire s'élevait dans les airs. Aucun nuage à l'horizon, je rejoins les bords du Rhin, près du pont. Le poste de douane est un feu, je me souviens de mon enfance, des arrêts à la douane avec le car scolaire. " Es brennt richtig" me dit un allemand. Effectivement, le feu prend de l'ampleur, de grosse volutes sombres montent à l'assaut du soleil sur plus de deux cents mètres. Les hélicoptères ne semblent pas perturbés. Les hoomes en vert de la Polizei tiennent le pont devant une petite barricade en feu. Je bois un peu d'eau et je me dirige vers ce qui me semble un lieu de rassemblement. Je demande où se trouve le début de la manifestation, personne ne semble au courant. Finalement je retrouve des amis, l'un d'eux était venu avec son fils de quatorze ans. Cela n'était pas vraiment une riche idée. Nous sommes maintenant dans une place en terre battue remplie au cinquième de manifestants. Au fond se dresse l'inévitable podium et les discours des orateurs sont couverts par le bruit de l'hélicoptère. Il doit voler à moins de cent mètres d'altitude. Bientôt deux autres fumées apparaissent dans le ciel. La plus proche est celle de l'hôtel Ibis qui est à moins de deux cents mètres. Un mur de cinq mètres de hauteur nous sépare de l'incendie. Des grenades lacrymogènes sont lancées à partir de l'hélicoptère, derrière nous une barrière métallique et après un terrain vague. Les militants du NPA font une chaîne. Un cortège désordonné s'ébranle mollement en empruntant une voie de chantier près d'un pont de chemin de fer. Nous longeons le cortège des forces de l'ordre qui occupe la moitié de la route, les pompiers arrivent sur les lieux. Nous essayons d'identifier le ventre mou de la manifestation, en vain. Je regarde les terrains déserts viabilisés pour d'improbables installation d'entreprises. De l'autre côté des terrains, l'eau. Pour l'instant, je ne suis pas assourdi par une tonne de décibels, l'ambiance n'est pas vraiment festive. Quelques gars en noir sont assis sur les marches d'une maison, ils contemplent le cortège. On est deux pas du pont Vauban. (Suite à venir)


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