FunkPropaganda
Trégastel
Jacques Sapir pointe encore une fois le rôle d'épouvantail que l'on fait jouer au Front National. Il suffit de placer le Front National sur un thème précis pour que le sujet évoqué soit synonyme des pires horreurs. A ce jeu là, on ne sait qui sera réellement gagnant à la fin.
« Le journal Les Echos a publié le 21 octobre un article se voulant « objectif » sur la question de la sortie de l’Euro, intitulé : Quitter l’euro ? Un saut sans parachute . On n’épiloguera pas sur le titre, qui indique bien cependant ce dont il est question : discréditer ceux qui proposent une dissolution de l’Euro. L’accroche de l’article est inutilement racoleuse et passablement mensongère :
« Pour l’exportateur pénalisé par le taux de change eurodollar, pour l’électeur qui prend connaissance du programme économique du Front National, pour l’agriculteur qui voit la politique agricole commune prendre des chemins de traverse, il est clair qu’il faut apparemment quitter la monnaie unique et se débarrasser de l’euro. »
On aurait pu aussi y introduire les producteurs, de l’industrie et des services, qui sont pénalisés par le taux de change sur le marché intérieur français. Il est d’ailleurs frappant que, quand on parle de « compétitivité » on ne pense qu’aux exportations et non aux importations. Or, la destruction d’emploi par substitution de produits importés aux productions réalisées sur le territoire national est bien plus nocive pour l’emploi. Passons sur cette première approximation, mais qui en dit long sur l’imaginaire (réduit…) des auteurs de cet article. Il y a pire : le morceau de phrase : «pour l’électeur qui prend connaissance du programme économique du Front National » est quant à lui mensonger. Il vise à accréditer l’idée que seul le Front National se battrait pour une sortie de l’Euro. C’est faire bon marché d’hommes politiques comme Nicolas Dupont-Aignan (DLR) ou Jean-Pierre Chevènement (MRC) qui depuis des années sont sur cette position. C’est faire bon marché aussi de personnes qui sont (encore ?) dans des parties « pro-Euro » mais qui n’ont jamais caché leur opposition à la monnaie unique, tel le député Jacques Myard (de l’UMP), ou des responsables du Parti Communiste (et même des fédérations départementales entières) et du Front de Gauche. C’est faire bon marché enfin de nombreuses associations, de droite comme de gauche qui militent depuis des années pour une sortie de l’Euro. Mais, ce type d’article vise a accréditer dans l’esprit du lecteur que la « sortie de l’Euro » est un slogan d’extrémiste, ce qui est le contraire de la réalité. En France même, François Heisbourg, dont les positions pro-européennes sont par ailleurs connues, vient de publier un livre intitulé La Fin du Rêve Européen ou il compare l’Euro à un cancer qui dévorerait l’Europe. Hors de France, ce sont des personnalités de droite (comme Frits Bolkenstein) ou de gauche (comme Oskar Lafontaine) qui ont ces derniers mois pris position pour une dissolution de la zone Euro.
Que le Front National ait pris position pour cette dissolution n’empêche donc pas que de très nombreux autres partis et autres dirigeants politiques aient fait de même. En cherchant à lier la sortie de l’Euro au Front National Les Echos commettent donc un mensonge éhonté, mais ils font aussi une grossière erreur d’analyse. Nous sommes ici en plein dans la FunkPropaganda que j’évoquais il y a peu sur ce carnet. Si l’on regarde maintenant les arguments de l’article (oui, il y en a pour une fois), on est frappé par leur côté tronqué et parcellaire. » [ Source ]
On notera que même Bolkenstein est pour la dissolution de la zone Euro, à ce stade là, c'est que l'heure est grave.
Commentaires
Quant à votre brise Marine on sait d'où elle vient et où elle veut nous emmener. Vous c'est moins clair ... Quoique, si on prend le tableau dans son ensemble ça ne faire guère de doute.