Le retournement sur la Syrie







L'Andlau















Un de mes commentateurs me faisait part de son sentiment sur la guerre civile syrienne. Selon ce dernier, l'intervention étrangère ne serait qu'un fantasme. Pour ma part, j'entendais le terme d'intervention étrangère dans son acceptation la plus large. Mon ersatz de contradicteur, un féru des une pirouettes grotesques de l'esprit,  considérait uniquement une intervention militaire des forces de l'OTAN sur le territoire syrien comme une intervention étrangère. C'est prendre la partie pour le tout . La patience et le temps me donnent raison, à telle enseigne, que c'est maintenant le journal Le Monde qui publie une carte où sont répertoriées les interventions extérieures durant ces deux années de conflit syrien.










Le conflit syrien est en passe de changer de traitement médiatique. Les raisons sont diverses, dans un premier temps, le régime en place ne semble s'écrouler comme annoncée, la Syrie n'est pas l'Egypte, la Tunisie ou la Libye. Il existe encore un fort soutien d'une part de la population envers le régime, et ceci malgré tous ses défauts. Ensuite ce régime bénéficie de soutiens de choc. Mais surtout, la propagande journalistique occidentale est dépassée par les nouveaux moyens de production et consommation de l'information. C'est ainsi que nous avons pu voir à  des petites séquences filmées  des images de guerre circulant sur internet. Et ces images ne donnaient pas toujours sympathiques de la rébellion. Ainsi, on ne compte les images d'exécutions sommaires de part des fameux rebelles. Le sommet ayant été atteint par l'éviscération d'un loyaliste et la simulation de cannibalisme. Les soutiens des rebelles syriens crient à la faute de communication. Les destructions et les exécutions sont généralement parsemées à des rappels à la grandeur du tout puissant. Tout cela a une mauvaise résonance au sein des sociétés occidentales. Dans la guerre de l'information et la propagande, les spécialistes occidentaux semblent surpris par la maîtrise de la communication du régime syrien. Si les révolution arabes ont été décrites par certains comme des révolution « facebook », il faut aussi avouer que la résistance du régime syrien fût aussi une résistance Youtube.


Les rebelles n'ont pas eu de Robert Capra. Pour certains de nos fins esprit français, ce qui se passe en Syrie est notre guerre d'Espagne. Là encore, on reste circonspect devant la comparaison, ce fût un autre temps et une autre culture de la révolte, révolte où la religion n'avait pas la même place. D'autre part, c'était les les loyalistes qu'il s'agissait défendre. A la limite la Syrie est une sorte de négatif de la guerre civile espagnole. Ceux qui nous parlent de la guerre civile espagnole pour galvaniser la masse de consommateurs  occidentaux ne sont que de sinistres blagueurs. Pour établir un parallèle encore plus sinistre, il s'agit de penser à celui qui s'est essayé à enfiler un costume de Malraux ces deux dernières décennies. D'autre mettent l'accent sur des détails sémantiques, ils tiennent absolument que l'on parle de révolution syrienne et non de guerre civile syrienne, ce dernier qualificatif aurait comme effet de banaliser ce qui se passe en Syrie et de faire oublier la nature exceptionnelle du combat. Dans ce cas, pensons à Marx qui a écrit la Guerre civile en France. Les mots ne sauvent pas toujours une réalité.  Le problème avec la fameuse révolution syrienne, c'est le flou de ses objectifs hormis le départ du dictateur, départ réclamé jadis pas le ministre des affaires étrangères français de manière fort peu diplomatique.






Alexandre Latsa résume la perception du conflit syrien et la défaite de la propagande :


« Finalement, le conflit syrien qui était présenté comme une lutte de démocrates contre une dictature a complètement changé de visage. Ce délire absolu du mainstream médiatique français, qui a lui par contre totalement perdu cette guerre, ne tient plus aujourd’hui et on voit désormais bien qu'il s'agit d'une guerre stratégique contre l’Etat Syrien, soutenue de l’extérieur, pour que l’axe Chiite (Liban-Syrie-Iran-Sud de l'Irak) perde son influence régionale. »


Voilà où nous en sommes rendus, et pendant ce temps d'autres nouvelles arrivent mettant en lumière la forme d'aide non létale aux « rebelles » : « La décision de l'UE de reprendre le commerce avec des champs de pétrole tenus par Al Nusra dément complètement le mensonge selon lequel les puissances impérialistes mènent une guerre en Syrie pour obtenir un changement du caractère répressif du régime syrien. En fait, ils construisent et soutiennent des forces profondément réactionnaires qui oppriment la population.»


Maintenant, qu'une forme de résolution politique du conflit semble s'esquisser, après vente de missiles russes S 300 à la Syrie, de puissants stratèges énumèrent les risques d'une intervention  militaire directe des pays occidentaux en Syrie. Parmi les risques fortement potentiels, il y a celui de se faire tiré dessus avec du matériel français : « n’ouvrons pas une nouvelle boîte de Pandore. Si l’on doit être présent un jour ou l’autre en Syrie, à quelque titre que ce soit, on ne voudrait pas se voir alignés par des armes françaises ou occidentales ! »

On se demande comment du matériel militaire français aurait bien pu atterrir entre des mains de combattants syriens. Les voies du soutien non létal sont impénétrables et les missiles S300 ont une force éminemment politique.

Commentaires

Que du bonheur ! a dit…
Une vrai mine ce chournal

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/05/27/syrie-le-monde-temoin-d-attaques-toxiques_3417225_3218.html

Articles les plus consultés