La collectivisation, avenir radieux de l'humanité
Place Kléber . [ Strasbourg ]
« Si la crise dure et s'approfondit, les solutions passeront forcément par l'État, qu'il s'agisse de créer un fond de défaisance ou de procéder à des nationalisation provisoires de banques en difficultés » estime Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel Leven.
Le Monde, Vendredi 21 mars 2008.
« C'est donc aux États de prendre le relais pour amortir et collectiviser, comme ce fut toujours le cas dans les crises précédentes, des pertes dont l'impact pourrait avoir un coût très largement supérieur à ce coût de prise en charge »
Jean-Hervé Lorenzi
Professeur à Paris, président du cercle des économistes, conseiller de la Compagnie financière Edmond de Rotchild, membre du Conseil d'analyse économique.
Le Monde, Vendredi 21 mars 2008.
« Privatisation des bénéfices quand tout va bien quand tout va mal, soulèvent quatre questions » remarque Jean-Pierre Balligand député socialiste de l'Ain. Quant on lit le type de questions que ce socialiste se pose, on est en droit de se demander si les socialistes ne prennent pas définitivement les gens pour des imbéciles. « Aussi est-il temps de redonner ses lettres de noblesse au fondement du métier de banquier [...] ». Deux jours après l'appel à la collectivisation des pertes des établissements bancaires par les conseillers de ces mêmes établissements dans le Monde, le chroniqueur économique de ce même journal tient à rassurer son lectorat. La crise ne traversera pas la Manche, « La finance a buté en Asie, en Europe, partout, sur les institutions, les États, le bien commun. Les systèmes financiers restent largement différenciés ». Le Monde Dimanche 23 - Lundi 24 mars 2008. Ce n'est pas faute de vouloir transformer le mode de vie et d'exploitation continental pour que celui-ci se rapproche de plus en plus du modèle américain. C'est ainsi que nous nous acheminons allègrement vers la fin du système de retraite par répartition, vers la fin de sécurité sociale, on en passe et des meilleures. Cette crise financière est venue trop tôt pour avoir des effets brutaux dans l'immédiat dans le pays du camembert. Le pays le plus développé en matière d'endettement des ménages ne fait que montrer à ceux qui le suivent sur l'échelle l'échelle de l'impécuniosité de ses habitants l'image de leur propre avenir. C'est donc grâce à la lenteur des réformes du mari de Carla Bruni que nous échappons à la crise sous sa forme américaine. Mais que le travailleur français se rassure, il aura droit à sa crise au même titre que les autres. L'aspect surréaliste de la collectivisation des pertes des banques privées est propre à ébranler les convictions les plus libérales, « l’État ne peut pas tout » aurait dit un premier ministre socialiste français à des ouvriers fraîchement licenciés, ces derniers apprécieront le pas vers la collectivisation que s'apprête à faire l'État américain . Aidons les banques à se relever sinon cela sera pire, voilà ce que nous dit la propagande. Le plus drôle, c'est quand les spécialistes se répandent en analogies avec le corps humain. Pour l'un, la finance serait le poumon de l'économie, pour l'autre le sang. J'attends avec impatience celui qui en viendra au stade de la défécation. Après l'anatomie, on s'attaque à la réalité, car pour Eric Le Boucher « l'impact sur l'économie réelle est, pour l'heure, limité ». C'est quoi ce procès en irréalité, les organismes de crédit gagnent- ils de l'argent irréel? Et quelle est donc cette économie réelle? Quelle est cette fable d'une économie irréelle ou virtuelle et d'une autre bien ancrée dans la production et dans la masse des matières premières disponibles. Bien naïf celui qui souscrit à ce discours. Le système d'échange dans le capitalisme est un, et il n'y a pas "d'économies distinctes" dans un système d'échange monétaire. Ce qu'on entend par économie n'est qu'une abstraction portée par des moments de misére réelle.
Dernière minute !
« Nous n'y sommes pas encore, mais nous approchons du troisième stade d'une crise financière quand la banque centrale a dépensé toutes ses munitions et ne parvient pas à restaurer l'équilibre. Il reste alors trois choix possibles : la dépression, l'inflation ou l'intervention publique", souligne J. Bradford Delong, professeur d'économie à l'université de Berkeley et ancien secrétaire adjoint au Trésor dans l'administration Clinton. "La dépression est impensable, l'inflation par la planche à billet est vraiment à éviter, il ne reste plus que l'intervention de l'Etat parce que la quantité d'actifs compromis est trop importante pour être absorbée par les intermédiaires financiers", ajoute-t-il. »
LE MONDE | 24.03.08 | 14h47 • Mis à jour le 24.03.08 | 15h54
Commentaires