Un spectre

Cimetière, place de l'Etoile. [ Strasbourg ]


«La vérité des détails, en leur essence, leur manifestation, leurs intéractions, leurs liaisons, ect., revêt toujours, elle aussi un caractère social, quand bien même la genèse n'apparaît pas directement comme sociale. Fidèle à une sobriété poussée jusqu'à l'ascétisme, Soljenitsyne s'abstient rigoureusement de prendre position. Mais l'objectivité avec laquelle il dépeint la cruauté et la monstruosité « naturelles » d'une institution socio-humaine est telle qu'il en résulte un jugement plus destructeur que celui qu'il serait au pouvoir d'aucune déclamation, si pathétique fût-elle, d'arracher.»

Georg Lukács, Soljenitsyne - Gallimard Idées, 1970

Aujourd'hui encore le spectre du communisme hante le monde. Vingt après la chute du mur de Berlin on déplore l'existence d'écrivains bavant au stimulus à l'évocation de ce qui touche de près ou de loin au communisme. Des millions de morts ! Des millions de morts ! Des millions de morts ! Une telle comptablilité est plus que suspecte. Ce qui est venu de l'autre côté du mur sonnait plus juste que les éructations post-festum des scribouillards franchouillards d'aujourd'hui . Alexandre Zinoviev avait noté qu'en Union Soviétique, le peuple avait conscience de subir un abrutissement. En Occident, les peuples sont tellement abrutis qu'ils n'en ont pas conscience. « Travaillez plus pour gagner plus »! Mais c'est le retour de Stakhanov par la fenêtre via les poubelles de l'histoire!