Sur l'encadrement de la contestation

" Comme lors de la Commune, il a manqué d’hommes structurés politiquement, aguerris, pour mener le mouvement vers quelque chose d’irrépressible, et remporter le combat tout simplement. Les figures du mouvement se sont déchirées extrêmement tôt. Les leaders des dernières grandes batailles ouvrières, ceux des Goodyear ou des Conti par exemple, sont des gars parfois très rugueux, mais qui ont des repères, généralement ils ont été formés par la CGT et le PC. Il y a des erreurs qu’ils n’auraient pas commises. Les Gilets jaunes avaient la fougue et l’innocence, mais ils sont tombés dans pas mal de pièges. Il y a eu un problème de représentativité et là encore, comme sous la Commune, un effroi du « nom propre ». Chaque mec qui sortait du rang se faisait démolir."

Ceci est le commentaire d'Aude Lancelin sur le mouvement des Gilets Jaunes, et contrairement à elle je pense que la grande force des Gilets Jaunes était celle de ne pas s'enfermer dans les ornières organisationnelles du passé. Du passé ils ont fait table rase faute de cadre idéologique, et cette absence d'encadrement voir le refus d'encadrement idéologique aura été ce qui a permis l'extension du mouvement. Car si on se réfère aux organisations citées par la journaliste, il est notable que c'est la faillite de ces organisations qui ont permis l'émergence de ce mouvement. Et c'est non seulement la faillite de la CGT ou du parti communiste qui ont permis cette joyeuse anarchie, mais c'est aussi dans une moindre mesure la défaite du Rassemblement National et le manque de charisme  de sa représente qui ont ouvert la voie du mécontentement populaire, car là aussi l'organisation du principal parti d'opposition a fait défaut pour se poser comme alternative au rouleau compresseur du parti de la marchandisation de la totalité du monde. C'est ce vide, ce manque d'alternative qui a créé cette espèce conglomérat plébéien qui a inondé les carrefours de France et les rues de Paris. Dès le début les organisations qui ont leur siège à Montreuil comme la CGT et le NPA ont dénoncé le mouvement comme poujadiste et après quand elles ont vu l'ancrage populaire du mouvement c'était trop tard. Ainsi le NPA qui a une grande tradition de récupération de la révolte a placé ses pions dans les grandes villes. Ainsi ont a pu voir à Strasbourg une meneuse de mouvement qui s'est bien gardé de dévoiler son appartenance au NPA s'inscrire sur une liste électorale du NPA au moment des élections municipales pour grappiller quelques dixièmes de pourcentage en faveur de liste du parti trotskiste.  

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