Petite discussion sur le dépérissement de l'État radioactif





Wasserwald . [ Hutzenhouse ]










Extrait d'un dialogue en ligne sur la Feuille de Chou locale.





lecerisier dit :
15 mai 2011 à 1 h 18 min

La question n’est pas tant la destruction de l’État que les conditions de sa destruction. Nous observons depuis plusieurs décennies les forces du commerce à l’assaut du monopole d’État. Cet assaut est loin d’être ce qu’on appelle un assaut prolétarien. Nous pouvons concevoir que l’État-nation ne constitue pas une panacée universelle en soi, mais il peut s’avérer encore utile. Il est possible qu’il puisse servir l’intérêt des populations sous certaines conditions. Maintenant, quant à être fonctionnaire et prôner la destruction de l’État… il faudrait que je relise Malatesta.




Schlomo dit :
15 mai 2011 à 8 h 31 min

c’est aux prolétaires d’achever la destruction de l’État rongé par le capital
qu’un fonctionnaire soit anti-étatique, n’est qu’une illustration de ce que le capital produit ses propres fossoyeurs, selon la phrase bien connue de Marx



lecerisier dit :
15 mai 2011 à 21 h 49 min

«c’est aux prolétaires d’achever la destruction de l’État rongé par le capital», c’est ce que dit monsieur Schlomo. Pour Marx, il me semble que par moments c’est un peu différent : « Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives ». Comme je comprends ce passage, il n’est nullement question d’achever la destruction de l’État rongé par le capital, au contraire.

Pour l’extrait de Marx, voir le Manifeste, et puis Marx n’a pas toujours raison…



Schlomo dit :
15 mai 2011 à 22 h 09 min

vous lisez mal ce passage qui se situe après la révolution, puisqu’il est dit « Le prolétariat se servira de sa suprématie politique..; », donc il s’agit de la phase jadis appelée « dictature du prolétariat », c’est à dire une situation où le prolétariat se constitue en classe dominante parce qu’il a renversé le pouvoir politique de la bourgeoisie, mais pas encore son pouvoir économique, d’où la suite…donc il s’agit bien de détruire l’État bourgeois, de lui substituer un État prolétarien provisoire, destiné à dépérir comme le dira Lénine dans l’État et la révolution, pour arriver à une absence d’État;
mais aujourd’hui on ne dirait plus les choses dans ce vocabulaire daté et salopé par la dictature stalinienne; mais l’État (bourgeois) est toujours à détruire; voyez xe qui se passe quaznd les révolutionnaires omettent cette tâche ou ne la font qu’à demi: Chili, 1973, ou Tunisie 2011…


lecerisier dit :
16 mai 2011 à 10 h 36 min

«C’est aux prolétaires d’achever la destruction de l’État rongé par le capital», votre phrase laissait à penser que le but immédiat du prolétariat était la destruction de l’État. Or il s’agit chez le jeune Marx de substituer un État à un autre, mais de façon provisoire. Il s’agissait, pour moi, de souligner la séquence prévue initialement par Marx : destruction de l’État bourgeois pour le remplacer momentanément par État prolétarien. Le projet du Marx du Manifeste était de laisser se développer les forces productives pour que le prolétariat puisse cueillir les » bienfaits » de la révolution bourgeoise comme un fruit mûr, ce projet résultant de son analyse historique de la concentration des moyens de production dans les pays les plus en pointe industriellement. Marx reviendra plus tard sur cette conception dans son projet de réponse à Vera Zassoulitch. Je me rend bien compte que dans cette discussion, nous sommes forcés d’en passer par des raccourcis qui peuvent être différemment appréciés par le lecteur. Mais enlever un mot et tout se dépeuple, c’est ainsi qu’il est heureux que vous ayez l’adjectif « bourgeois » au mot » État »
: « mais l’État (bourgeois) est toujours à détruire ».

J’essaye d’avoir une vision du dépérissement de l’État dans un monde nucléarisé. La nucléarisation du monde occidental a hypothéqué les chances d’une émancipation de l’homme, dans la mesure où les centrales nucléaires constituent une menace pour notre survie même. Or il s’agit, dans le cas du nucléaire en France, d’arrêter et de sécuriser les matériaux fissibles au plus vite. Et en dans cet esprit, je ne vois pas pour l’instant d’autres moyens que d’en revenir à la puissance étatique, puissance qui dans l’instant, paraît la plus à même à mener cette tache à terme. Ce ne sera pas à la Tunisie de nous aider à nous sortir du cauchemar nucléaire, pour prendre un argument limite. Il en revient donc à l’État nation français de prendre ses responsabilités. C’est dans ce cadre que je vois la survie de l’État, il n’est pas nécessaire que ce dernier soit «bourgeois». Et croyez moi, ce n’est pas une perspective qui m’enchante particulièrement. Ce n’est peut-être pas un scénario obligé, si vous avez un avis sur la question…



Schlomo dit :
16 mai 2011 à 11 h 16 min

ça n’a rien à voir avec l’État
ce n’est pas l’État qui va démanteler les centrales nucléaires, ce sont des travailleurs et des entreprises


Commentaire non paru sur la Feuille de chou du 17 mai 2011

L'organisation du démantèlement des centrales nucléaires demande un certain savoir faire couplé à une volonté générale de la population sur un espace donné. La répartition des matériaux contaminés demandera l'existence d'un organisme indépendant d'arbitrage. Il faut se souvenir du projet de loi sur l'ajout des déchets faiblement radioactifs dans les matériaux de construction pour saisir toute l'ampleur du travail à accomplir. Cet organisme indépendant devra avoir des moyens similaires à ceux d'un État. L'industrie nucléaire est une véritable technocratie au sens premier du terme, que ce soit pour son développement ou pour son arrêt. Le processus de déconstruction de Superphénix nous donne à voir toutes les contraintes liées à l'entreprise de dénucléarisation d'un territoire. La technocratie nucléaire est une donnée qui milite pour une survivance de l’État, ou d'une organisation sociale qui s'en approche. Nous sommes loin des "sociétés contre de l’État" étudiées par Clastres. Il ne faut pas se payer de mots et répondre à coups de slogan. Pour l'instant nous observons le dépérissement de l’État couplé avec le dépérissement tout court.

La critique de Marx sur l’État portait sur sa neutralité, d'après lui l'État est que l'allié de la classe dominante. C'est l'État strauss-khano sarkoziste. On ne peut qu'espérer sa chute dans les délais les plus brefs. Il ne s'agit que d'une bureaucratie parasitaire aisément remplaçable, la technocratie nucléaire est malheureusement là pour durer un petit moment, à moins de classer le dossier sans suite, ce qui est aussi une solution.

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